mardi 16 juin 2015

Air Algérie, entreprise «malade»

Le nouveau ministre des Transports appelle le personnel d’Air Algérie à consentir plus d’efforts et à faire preuve de sérieux et de rigueur pour «sauver» la compagnie et la rendre compétitive.
Air Algérie, une entreprise «malade». Le constat, aussi catégorique que sévère, n’émane pas de quelques médias ou usagers mécontents, mais bien des premiers responsables de l’entreprise nationale. Et pas des moindres : le tout fraîchement nommé ministre des Transports, Boudjema Talai, n’a ainsi pas mâché ses mots dans sa description de la situation qui prévaut au sein du transporteur aérien. «Air Algérie est malade. La compagnie doit réapprendre tout, jusqu’à comment organiser un vol. C’est désastreux», a déploré, dimanche, le ministre, cité par l’APS.

Ce dernier appelle de ce fait le personnel de la compagnie à consentir plus d’efforts et à faire preuve de sérieux et de rigueur pour «sauver» la compagnie et la rendre compétitive. Et si aucun changement dans la gestion et dans les us et coutumes en vigueur au sein du personnel n’intervient, l’issue est inéluctable, selon le ministre : «Le pavillon national disparaîtra.» Le premier responsable du secteur va d’ailleurs loin dans les admonestations, voire menaces à peine voilées : le sauvetage doit impérativement commencer par les compétences et la discipline du personnel. «Nous allons commencer par les sanctions.

Celui qui n’est pas capable de travailler n’a qu’à rentrer chez lui», a averti M. Talai, conditionnant la satisfaction des revendications salariales des employés à des prestations de qualité. «Soit nous donnons un bon coup et nous sauvons la compagnie, soit nous ouvrons la piste à d’autres et nous disparaîtrons», a résumé le ministre. Un peu plus tôt, Mohamed Abdou Bouderbala, nouvellement installé à la tête d’Air Algérie, a lui aussi vivement critiqué l’entreprise dont il a hérité. «Malgré les résultats financiers intéressants, Air Algérie traverse aujourd’hui une période de dysfonctionnements avec son mode actuel de gestion, un modèle traditionnel qui ne répond plus aux besoins de ses clients», a-t-il souligné.

Des lacunes qui se sont traduites par «une perte de parts de marché, une détérioration de l’image de marque de la compagnie et une remise en cause de sa fiabilité à cause, notamment, de la dégradation de la qualité de ses services et les problèmes de ponctualité des vols», a analysé M. Bouderbala. Et ce ne sont pas les moindres des anomalies tant décriées par l’opinion publique. Car Air Algérie revient régulièrement au devant de la scène pour ses ratés et incidents, et cela sans oublier les affaires rocambolesques d’avion saisi, d’arbitrages internationaux, de black list ou encore d’interdiction de vol. De même, la gestion et le mode de recrutement suscitent souvent des interrogations.

Il est souvent affirmé que la masse salariale est largement supérieure aux réels besoins de fonctionnement de l’entreprise. L’on se rappelle d’ailleurs des accusations portées par le Collectif contre la cherté des transports vers l’Algérie (CCTA), au mois de janvier dernier. Le CCTA déroulait ainsi une liste de noms de proches de hauts responsables à occuper de nombreux postes de choix au sein de l’entreprise. Les déclarations d’intention de remettre à flot la compagnie aérienne sont ainsi unanimes. Toutefois, ces responsables auront-ils les coudées franches afin de mener cette tâche à son terme ?

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