samedi 23 juillet 2016

«Les libertés démocratiques connaissent des atteintes sans précédent»

Infatigable ! Depuis fin 2014, elle pilonne inlassablement le pouvoir, ses choix politiques et économiques qui mènent immanquablement à «une dislocation générale de l’Etat et de la nation». La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est revenue, hier encore, pour critiquer la dégradation de la vie politique. «Nous célébrons la Fête de l’indépendance et de la jeunesse dans un climat politique extrêmement tendu, marqué par une régression dans tous les domaines. Le contexte est chargé de tous les dangers, un épais brouillard s’accumule sur notre pays», analyse-t-elle. Prenant prétexte du prix décerné par l’Union africaine à l’Algérie en matière de respect des droits de l’homme, Mme Hanoune, qui intervenait devant la coordination de l’organisation des jeunes du parti réuni à Zéralda, a dressé un tableau peu réjouissant de l’état des libertés démocratiques dans le pays. «D’abord, le continent africain n’est pas un modèle en matière de démocratie», a-t-elle ironisé avant de recenser les récentes atteintes aux droits et aux libertés : «Nous vivons des attaques sans précédent contre les libertés démocratiques. La crise du quotidien El Khabar demeure. L’arrestation des responsables de la chaîne de télévision en raison des émissions satiriques est un scandale. Un système qui craint la satire est un système qui n’a plus de base sociale.» Mme Hanoune juge «scandaleuse» l’arrestation de Nora Nedjaï, directrice au ministère de la Culture, qui, selon elle, est «une artiste, un cadre intègre qui a signé durant sa carrière plus de 1900 autorisations de tournage. Elle n’a commis aucune faute mais elle est jetée en prison». «Peut-on alors parler de droits de l’homme», s’interroge-t-elle en dénonçant «l’immixtion de l’Exécutif dans l’appareil judiciaire». Elle enchaîne ses critiques, lorsqu’elle évoque la loi contraignant les officiers à la retraite au silence. «Museler les officiers supérieurs, les accusant de trahison et de crime avant qu’ils parlent est une atteinte aux droits de l’homme, une violation de la Constitution. La loi adoptée est une menace contre la liberté d’expression. Elle vise à assassiner le pluralisme politique et médiatique», en allusion à la nouvelle loi relative au régime électoral. «Comme si nous étions en situation de guerre», déplore-t-elle Louisa Hanoune estime que l’Algérie de 2016 «a changé radicalement par rapport à celle de 2014». «C’est un changement de cap qui n’a épargné aucun secteur et qui a eu comme conséquence une remise en cause des droits politiques et une menace sérieuse sur les acquis économiques et sociaux», assène-t-elle. «Vers la suppression d’un million de postes d’emploi» Au plan économique et social, la secrétaire générale du PT redoute le pire : «Nous assistons à une véritable descente aux enfers. A coup de lois de finance chargées d’austérité, les attaques ont atteint un niveau où l’Etat s’est désengagé de ses missions, notamment celle de soutenir les wilayas et les communes qui font face à un risque d’incapacité d’assurer les salaires des fonctionnaires.» Avançant des données effarantes, la patronne du PT, sans jouer les Cassandre, redoute «la dislocation de la République». «Pas moins de 5000 projets communaux ont été annulés sur instruction du gouvernement. Pis encore, plus de 500 000 fonctionnaires sont en danger et risquent de ne pas percevoir leurs salaires, alors que le gouvernement a instruit toutes les institutions publiques de réduire de 50%  leur budget. Aucun départ à la retraite n’est remplacé et l’objectif est de parvenir à supprimer un million de postes d’emploi dans la Fonction publique.» Pour Louisa Hanoune, cette précarité sociale «prépare les conditions de création de viviers du terrorisme et autres fléaux sociaux». Et c’est dans ce sens qu’elle lance un appel aux autorités à «combattre ceux qui tirent les ficelles du commerce de la drogue et déclarent la guerre à notre jeunesse». «Ce sont des criminels de la pire espèce», dit-elle. Et d’ajouter : «Quels que soient leur grade ou leur poste, il faut combattre les têtes du commerce de la drogue qui sont au croisement avec le terrorisme international.»  

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