samedi 22 octobre 2016

Les habitants du Sud en colère

Un mouvement de mécontentement populaire contre les factures exorbitantes d’électricité s’est manifesté ces dernières semaines dans plusieurs régions du Sud du pays : Abadla, Adrar, Timimoun... En effet, les factures qui leur parviennent de Sonelgaz, qui peuvent atteindre jusqu’à 30 000 DA, sont de plus en plus élevées. Une hausse plus qu’insupportable en tenant compte d’un certain nombre de facteurs : rudesse du climat, températures intenables, faibles revenus des ménages, cherté de la vie, chômage endémique et enclavement de localités lointaines. La situation a fini par faire réagir Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, qui a annoncé jeudi à Alger qu’une «commission restreinte» a  été créée pour examiner la possibilité de réduire les factures d’électricité pour les populations du Sud, notamment durant l’été. Il a indiqué que «les populations  du Sud ont exprimé leur préoccupation à l’égard de la hausse des factures d’électricité, notamment durant l’été. Cette préoccupation a été prise en compte dans le cadre de l’action  gouvernementale et, sur instruction du Premier ministre, une commission restreinte se penche actuellement sur l’examen de cette question et présentera  des propositions afin de prendre des mesures et des décisions à même de soulager le citoyen». Simple stratégie pour calmer les esprits et apaiser la population ou réelle volonté du gouvernement de prendre le problème à bras-le-corps dans cette vaste partie du pays, déjà embrasée par le passé par une série de mouvements de protestation d’ordre social ? Dans une enquête effectuée récemment par El Watan Week-end (30 septembre 2016), le problème a été posé. «Une maison fraîche quand il fait plus de 50°C est un luxe que nous refuse Sonelgaz et que nous ne pourrons plus payer avec des factures dépassant les 20 000 DA», se lamente Malek, qui reconnaît toutefois «utiliser trois climatiseurs non-stop durant l’été». Pour les clients des zones sahariennes où il est impossible de vivre sans climatiseur la moitié de l’année, ce sont les augmentations des tranches relatives aux consommations comprises entre 250 et 1000 KWh/trimestre et plus de 1000 KWh/trimestre qui posent problème, vu qu’elles sont désormais comptées à 4,81 et 5,48 DA. Depuis de nombreuses années, spécialistes et experts plaident pour une augmentation graduelle des prix sans trouver d’écho chez les pouvoirs publics. Avec le boom de la demande, la plupart des Algériens consomment au-delà de 250 KWh/trimestre. Dans plusieurs déclarations, Noureddine Boutarfa, ministre de l’Energie, a jugé «inévitable» la hausse des tarifs de l’électricité et du gaz pour permettre au groupe Sonelgaz de poursuivre ses investissements et d’assurer la continuité du service public. Il faut savoir qu’en moyenne, un foyer algérien consomme entre 1800 et 2000 kilowatts-heure/an alors que la norme est de 200 à 250 kilowatts-heure/an. Il consomme aussi deux fois plus qu’un foyer d’autres pays du Maghreb, selon l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aaprue). Le marché algérien est inondé de climatiseurs et autres équipements électriques qui consomment beaucoup d’énergie. Les gens sont généralement séduits par des équipements bon marché qui se trouvent être ceux qui consomment le plus d’électricité et qui coûtent donc plus cher à long terme. De manière générale, la consommation d’électricité varie en fonction des paramètres suivants : la consommation et ses trois cycles (annuel, hebdomadaire et journalier), les variations économiques, sociales et démographiques : prix, taux d’occupation des logements (TOL), équipement (réfrigérateurs, TV, climatisation, ventilation), la température dont les variations se traduisent par des modifications de l’utilisation du chauffage électrique en hiver ou de la climatisation en été. Ainsi, le gouvernement est appelé à prendre des mesures destinées à limiter l’impact du prix de cette énergie sur le pouvoir d’achat, particulièrement des habitants du Sud. Le sujet de la hausse des prix est particulièrement sensible à quelques mois des législatives de 2017.

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