mercredi 5 avril 2017

Des discours sans méthodes

La campagne électorale n’a pas officiellement commencé, les partis politiques commencent déjà à faire campagne. Si certains d’entre eux n’arrivent même pas à régler les contentieux nés de la conception des listes électorales, d’autres ont pris une longueur d’avance. Les slogans de campagne sont connus pour certains, en attendant le fond d’une campagne qui risque de réserver des surprises. Serein tout au long de la période de l’élaboration des listes électorales, le Rassemblement national démocratique (RND) s’attelle déjà à l’essentiel : il diffuse, par le biais de la presse et des réseaux sociaux, ce qu’il présente comme un programme économique. Le parti d’Ahmed Ouyahia, qui a présidé le gouvernement à plusieurs reprises ces dernières années, veut démontrer que loin des polémiques, il «dispose d’un programme». Une flèche à peine déguisée aux partis de l’opposition que le pouvoir accuse de ne pas disposer de programme. Du côté du FLN, Ould Abbès patauge encore dans les problèmes liés aux multiples protestations nées de la conception de listes. Mais apparemment «assuré de gagner l’élection», l’ancien parti unique fait dans la diversion. Son secrétaire général, Djamel Ould Abbès, a poussé la prétention jusqu’à penser que «la stabilité du FLN va de la stabilité du pays». Un nouveau chantage à l’insécurité que brandit le pouvoir depuis quelques temps déjà. Mais il n’y a pas que cela. Le secrétaire général du FLN veut jouer sur le prestige historique du sigle que porte son parti. A défaut d’avoir son propre programme, il fait référence à ce qui est présenté comme programme du président de la République. Un projet basé en grande partie sur la distribution de la rente pétrolière qui ne suffit désormais plus à rien du tout. Autres «slogans» que portent les partis du pouvoir : s’attaquer à tous ceux qui ne veulent pas croire en la transparence des élections de mai. Pour cela, la cible est bien précise ; il s’agit de s’en prendre aux partisans des appels au boycott de l’élection. C’est ce que fait le MPA avec une certaine retenue. Le parti de Amara Benyounès tente de porter la parade en jurant que si les partis traditionnels ne croient pas en des élections honnêtes, c’est parce qu’ils «ont perdu du terrain». D’autres partis, comme le FLN, utilisent un vocabulaire plus virulent. Certains n’hésitent pas à qualifier les boycotteurs d’antipatriotes, que même les autorités appellent à boycotter ! Une accusation relayée par des personnalités proches du pouvoir, à l’image de la journaliste et ancienne députée, Zahia Benarous, et l’actuel wali d’Alger, Abdelkader Zoukh. Du côté de l’opposition, on tente de convaincre malgré l’impossibilité de la tâche. Le RCD, présent uniquement avec 12 listes, brandit la carte de la jeunesse, donc du «renouvellement». Pour cela, les militants de ce parti s’évertuent à occuper le terrain. Tout autant que le FFS qui mise surtout sur l’image de son défunt président, Hocine Aït Ahmed, pour mobiliser les militants et, probablement, d’autres électeurs. Du côté des islamistes, le seul credo qui leur reste est «la réunification». C’est en tout cas les lignes directrices qui se dégagent des discours des leaders des deux alliances islamistes crées autour de Abdallah Djaballah et des anciens du MSP. Le leader du FJD (Front de la justice et du développement) a récupéré ses anciens camarades d’Ennahdha, tandis que les anciens frères ennemis, le MSP et le Front du changement, ont reconstitué l’ancien Hamas, qui a éclaté après la disparition de Mahfoud Nahnah en 2003. De tout ce foisonnement de discours, un point rassemble alliés du pouvoir et opposition : tous appellent à un vote massif. Mais l’appel n’est pas certain de trouver d’écho !

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