jeudi 22 juin 2017

«La crise est dans notre incapacité à travailler ensemble»

Alors que tous les indicateurs économiques virent au rouge, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, s’est voulu rassurant en affirmant que la crise est dans «notre incapacité à travailler ensemble» ! Une bien maigre assurance en ces temps d’austérité, un mot d’ailleurs qui n’a pas figuré dans le discours de présentation du plan d’action du gouvernement alors qu’il trouve bien sa traduction dans la vie des citoyens. Abdelmadjid Tebboune se dit confiant, d’autant que le niveau de nos réserves de change demeure au-dessus de 100 milliards de dollars. La situation, dit-il, est «acceptable» et bien loin du «tableau noir qu’on présente». «Notre économie est forte et nous place en tête des pays en développement», souligne M. Tebboune en affirmant que nous sommes dans une période de transition. Comment sortir de cette situation ? Le plan d’action du gouvernement mise sur les entreprises. «Nous avons la certitude que la richesse ne viendra que des entreprises et du monde des affaires, mais nous ne permettrons pas qu’il y ait une immixtion du monde des affaires dans l’Etat. L’Etat c’est l’Etat et l’argent c’est l’argent. Chacun est libre de faire de la politique, mais il faut séparer entre l’argent et la politique», dit-il face à une assistance qui compte bien des hommes d’affaires. M. Tebboune assure en outre que le gouvernement accordera des facilités à la création d’entreprises, notamment celles de petite et moyenne dimensions et surtout les start-up engagées dans l’économie numérique. «Nous ne renoncerons pas non plus aux grandes entreprises et aux grands investissements à condition qu’ils apportent rapidement les fruits de leurs investissements dans des créneaux réellement porteurs et créateurs de richesse», souligne le Premier ministre en précisant que le plan d’action qu’il prône promet la création de 400 000 emplois dans le cadre du dispositif ANEM et de continuer à soutenir les dispositifs Ansej et CNAC. Ceci, et de noter que de nouvelles wilayas déléguées verront le jour dans la région des Hauts-Plateaux ainsi que la création de pôles économiques dans de nombreuses wilayas. Evoquant la sécurité énergétique, M. Tebboune indique que l’Algérie veillera à préserver sa place sur le marché international des hydrocarbures en renforçant le programme d’exploration et de recherche de nouvelles réserves, et augmenter le niveau de production annuel de 3,7% pour arriver à une production de 1 milliard de tonnes équivalent pétrole dans la période 2017-2021. Ceci, en sus de la création de deux nouvelles raffineries pour augmenter la production nationale de pétrole raffiné permettant de réduire l’importation de 35% et augmenter l’exportation de ces produits. Le gouvernement tablera aussi sur l’augmentation de la capacité de production d’électricité en passant de 19 000 MW à 31 000 MW en 2021. Un soutien particulier sera accordé aux opérateurs investissant dans le domaine des énergies renouvelables pour arriver à une production de 22 000 MW d’électricité à partir des énergies propres. Sur le plan financier, M. Tebboune a juste survolé la question des réformes fiscales et bancaires et soutient, sans donner plus de détails, que le gouvernement veillera à combattre l’informel et à l’amélioration du climat des affaires, notamment la règle 51/49 «afin de rassurer nos partenaires étrangers et arriver à asseoir un partenariat gagnant-gagnant». Arriver à un produit national brut de 6,5% par an et augmenter de 3,2% le niveau des revenus par habitant, tels sont les objectifs du plan d’action d’ici l’horizon 2030, indique M. Tebboune. Dire une chose et son contraire dans le même discours est une prouesse dont seuls les tenants du pouvoir ont le secret. Après avoir détaillé le programme du gouvernement, le Premier ministre affirme que nous ne disposons pas de système de statistiques fiable ni précis. Sur quelle base a-t-on donc élaboré ce plan d’action ? «Nos statistiques oscillent toujours entre 30 et 50%, ce qui fausse nos calculs, il est impératif d’arriver à constituer un bon système de statistiques», note le Premier ministre. Un constat du responsable de l’Exécutif qui sème bien le doute sur l’insubmersibilité du bateau Algérie. Des radeaux de survie sont à prévoir.  

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