jeudi 22 juin 2017

Le premier ministre s’engage à promouvoir la liberté de la presse

L’élargissement de l’espace des droits et des libertés du citoyen sera poursuivi par la consécration effective et la consolidation des garanties de la liberté de la presse et droit à l’information qui constituent un support essentiel à l’exercice de la démocratie», a déclaré mardi le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, lors de la présentation, devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), du plan d’action de son gouvernement. Une première ? Non, puisque le Premier ministre enfonce des portes ouvertes. Les deux engagements qu’il a pris devant les députés sont déjà inscrits dans la Constitution. L’article 41 garantit aux citoyens la liberté d’expression, et le 41 ter, précise que la liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux sociaux d’information est garantie et qu’elle n’est restreinte par «aucune forme de censure préalable». Des articles de loi qui n’ont pas empêché les arrestations d’activistes ou de simples militants des droits de l’homme. En 2016, le journaliste indépendant Mohamed Tamalt est mort après sa condamnation à deux ans d’emprisonnement pour «outrage» envers le Président et les institutions publiques en raison de messages qu’il avait publiés sur Facebook et sur son blog. En novembre de la même année, un tribunal d’El Bayadh a condamné Hassan Bouras, journaliste et militant en faveur des droits humains, à un an d’emprisonnement pour «complicité d’outrage à des agents de la force publique et à un corps constitué». Une chaîne de télévision privée avait diffusé une vidéo dans laquelle il interrogeait trois personnes qui affirmaient que des membres de l’appareil judiciaire et de la police étaient corrompus. En 2015, l’ordinateur de Zoulikha Belarbi, militante des droits de l’homme, fut saisi. En cause, un montage-photo du président Bouteflika. Dans son rapport annuel 2016/2017, Amnesty International observait que «les autorités ont restreint la liberté d’expression, d’association, de réunion et de religion. Des détracteurs pacifiques du gouvernement, notamment des défenseurs des droits humains, ont été poursuivis dans le cadre de procès inéquitables». Voilà pour les faits. Mais pour autant, doit-on ignorer les déclarations de bonne intention de M. Tebboune face aux représentants du peuple et tourner le dos à ses propos ? Non, car la situation du pays a évolué. Les engagements pris par le Premier ministre interviennent alors que l’Algérie se prépare à connaître des années très difficiles. La chute du prix du baril ne permet plus au régime d’acheter la paix sociale. Dans ces conditions, le pouvoir est contraint d’ouvrir un peu les espaces de liberté et de chercher à aplanir son différend avec la presse après avoir pratiqué, du temps de Hamid Grine, une politique de deux poids, deux mesures : exclusion envers certains titres et soutien pour d’autres. C’est en cela que le Premier ministre sera jugé sur ses actes et sur la série de mesures urgentes qu’il mettra en place pour ouvrir une fenêtre de dialogue avec les Algériens. La liberté de la presse écrite et audiovisuelle passe nécessairement par une réorganisation du secteur de la publicité. Car une presse en bonne santé financière est la seule garantie pour la «promotion de la dignité et de la décence sociale des journalistes», comme s’est engagé Abdelmadjid Tebboune à mettre en place.

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