Longtemps resté sans «activités» officielles, laissant planer le doute sur ses capacités à assumer ses fonctions, le chef de l’Etat semble vouloir envoyer un «message ferme» à ceux qui veulent «l’enterrer vivant», à en croire son entourage. Il reprend ses activités. Le président Abdelaziz Bouteflika revient sur la scène et choisit d’associer l’image de son retour avec des projets en fin de réalisation. Hier, il s’est rendu sur le chantier de la Grande Mosquée d’Alger pour s’enquérir de l’état d’avancement de ce symbole de son règne à la tête du pays. Le nouveau Centre international de conférences à Club des Pins, l’Opéra et maintenant cet édifice présenté comme le troisième du genre à travers le monde. Le Président veut manifestement assortir ses apparitions, voulues de plus en plus fréquentes ces derniers temps, d’œuvres d’envergure achevées ou sur le point de l’être, à l’heure où l’atmosphère dans le pays s’assombrit de perspectives économiques et sociales pour le moins compliquées. Longtemps resté sans «activités» officielles, laissant planer le doute sur ses capacités à assumer ses fonctions, le chef de l’Etat semble vouloir envoyer un «message ferme» à ceux qui veulent «l’enterrer vivant», à en croire son entourage. Par ses sorties, Abdelaziz Bouteflika lance d’abord des «mises en garde» à ceux, à l’intérieur du pouvoir, qui s’empressent de se projeter dans la bataille de la succession. Et ils sont nombreux. «Au Conseil des ministres siègent au moins trois prétendants qui ne cachent plus leurs ambitions, ce que le Président ne peut pas tolérer», confie un ministre en exercice. Deux ans et demi après sa reconduction pour un quatrième mandat, le régime montre des signes de «fissuration» en raison d’une compétition interne pour la reconquête du pouvoir. L’absence prolongée du chef de l’Etat a laissé apparaître au grand jour des contradictions entre les différents groupes composant le sérail. Le Premier ministre, dont les prérogatives sont considérablement réduites, peine à «tenir ses troupes». Son autorité est de plus en plus contestée. C’est un Premier ministre «usé». Conséquence immédiate : l’incapacité de l’Exécutif à convaincre de son aptitude à faire face à la crise économique. Au sein de la coalition qui soutient le Président, les désaccords ne cessent de se creuser. Entre le FLN et le RND, c’est une guerre permanente, accentuée à la veille des élections législatives. Dans ce désordre entretenu, la méfiance s’installe, d’autant que les arbitrages ne sont que difficilement assurés. Au risque d’«implosion», la Présidence s’emploie non sans difficulté à reprendre le contrôle sur le cours des événements. De toute évidence, c’est le sens que prennent les réapparitions récentes du président de la République. Première et spectaculaire décision : l’éviction de Amar Saadani de son poste de secrétaire général de l’ex-parti unique, deux jours seulement après l’inauguration du Centre international de conférences. Elle ne sera sans doute pas la dernière en la matière. «Ils sont nombreux les responsables qui passent mal la nuit suivant la sortie de Bouteflika, redoutant des décisions comme celle qu’a subie Amar Saadani», raille un autre ministre. Dans l’entourage présidentiel, l’ambiance est tendue. L’heure est au «redressement». «Des têtes vont tomber», susurre-t-on.
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