Claudine Chaulet s’en est allée. La moudjahida et sociologue, qui s’était engagée pour l’indépendance de l’Algérie, s’est éteinte, jeudi, à l’âge de 84 ans, trois ans après le départ de son mari Pierre. Elle sera inhumée aujourd’hui, à 14h, au cimetière d'El Madania à Alger, où elle reposera à côté de son compagnon de vie et de lutte. Claudine Guillot est née en 1931, à Longeau, en France. C’est en 1942 qu’elle arrive, avec ses parents, en Algérie, ce pays qu’elle contribue activement à libérer du joug colonial, et auquel elle consacre sa vie et sa carrière. Etudiante à Alger, elle suit les cours d’André Mandouze, homme «exceptionnel» venu en Algérie en 1946 pour préparer une thèse sur Saint-Augustin, qui s'est engagé du côté des militants de l’indépendance de l'Algérie, rappelle l’APS. André Mandouze militait alors activement pour l’indépendance de l’Algérie, dénonçait régulièrement les tortures et les crimes perpétrés par les forces coloniales dans diverses publications et a rejoint le FLN. Et c’est d’ailleurs chez lui, sur les hauteurs d’Alger, à Hydra, que Claudine Guillot rencontre le médecin Pierre Chaulet, le 21 décembre 1954. Elle devait discuter du contenu du dernier numéro de la revue Consciences maghrébines. Elle raconte d’ailleurs ce destin dans le livre Le choix de l’Algérie, deux voix et une mémoire, ouvrage autobiographique et historique rédigé à quatre mains avec l’autre moitié de ce couple Chaulet qui a tant donné à son pays l’Algérie. «Quand vers la fin de mon séjour, le 6 janvier 1955, Pierre Chaulet m’a demandé si j’étais d’accord pour continuer avec lui, j’ai dit oui», racontait-elle. Le couple Chaulet venait de se constituer. C’est ensemble qu’ils feront la Révolution. Une action guidée par un engagement pour la justice sociale qui se prolongera par la lutte pour l’indépendance, relate l’APS. «J’étais syndicaliste en essayant de défendre les intérêts des étudiants. J’avais compris que le 1er Novembre était un événement extraordinaire qui allait enfin donner un sens aux luttes. C’est donc tout naturellement que je me suis engagée aux côtés de Pierre...», dit-elle dans son livre. Le couple s'engage pour la Révolution à travers l'exécution de plusieurs actions pour le FLN : transport de tracts, évacuation de militants recherchés, à l'instar de Abane Ramdane qu'elle a transporté dans sa voiture à Blida au moment où Alger était quadrillée par les paras français, hébergement de moudjahidine et de chefs historiques de la Révolution, visites aux malades et blessés et rédaction d'articles de presse. Dans son livre qui raconte ces jours extraordinaires, elle revient sur la Plateforme de la Soummam, qu'elle avait transportée dans les langes de son bébé vers Blida, et ce, le jour même où Pierre était arrêté par des policiers des Services de renseignement français. Ce fut ensuite l’exil, la poursuite du combat à partir de Tunis. Et cet engagement de sociologue militante s'est poursuivi après l’indépendance avec le même élan de justice pour cette paysannerie qui a été la force de la Révolution. Ainsi, au lendemain de l'indépendance, Claudine Chaulet rejoint l'Institut national de la recherche agronomique puis travaille comme enseignante à l'Institut de sociologie et comme chercheure au Centre de recherche en économie appliquée.
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