- Quel serait l’impact sur la valeur du gaz naturel algérien si l’Etat recourait à l’exploitation du gaz de schiste ? Si nous produisons le gaz de schiste, nous allons contribuer à déséquilibrer le marché mondial du gaz. L’offre sera supérieure à la demande et, par conséquent, les prix vont baisser. Le plus grave est que nous serons complices de la division par deux de la valeur de notre gaz naturel. C’est une aberration totale. - Quel était alors l’objectif de l’Etat ? Ce n’est pas l’objectif de l’Etat mais celui de l’ancien ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. Il disait que nous allons l’exploiter dans l’avenir. Mais en réalité, tout son staff était mobilisé pour réussir ce projet, sans que nous ne maîtrisions les techniques d’exploitation. Par conséquent, il nous faudra importer la technologie, et puis il nous faut d’énormes quantités d’eau. Il nous faut aussi de l’énergie pour injecter cette eau avec tous les produits chimiques qui vont avec. Le million BTU nous reviendra à 10 dollars, alors qu’il est à 4 sur le marché. Nous allons donc subventionner le gaz de schiste. Je ne vois pas où est l’intérêt et où est la rente dans ce projet. Nous allons massacrer l’environnement. Et puis, le gaz de schiste ne se transporte pas par des gazoducs, mais à l’aide de camions de transport, car ses gisements ont une durabilité de deux à trois années maximum. Quant aux motivations des uns et des autres, je vous laisse le soin de les tirer vous-même. - Est-ce que l’Algérie a les capacités de concrétiser le projet du gaz de schiste ? Si nous avions autorisé les investisseurs, ces derniers n’auraient pas hésité à mettre le paquet pour pouvoir l’exploiter. Maintenant, l’Etat s’est rendu compte que le gaz de schiste lui reviendra trop cher après avoir été frénétique au début. Nos responsables pensaient que le Sahara serait le nouvel eldorado. Que le coût de production serait un peu cher, mais qu’ils pourront l’amortir plus tard. Ils se sont rendu compte que les prix sont très bas sur le marché mondial, compte tenu de la production américaine forte. Et puis, ils étaient surpris par la mobilisation citoyenne et l’endurance des gens au Sud. Heureusement que notre société est bien informée sur les tenants et les aboutissants du projet. - Qu’en est-il, selon vous, de l’avenir de ce projet en Algérie ? Ce projet a disparu avec le départ de l’ancien ministre. Tant que les populations continuent à manifester leur refus d’une manière déterminée, il n’y aura plus ce projet de gaz de schiste en Algérie. L’Etat a tenté de convaincre et même de soudoyer les habitants du Sud avec le projet des wilayas déléguées, en vain. Me concernant, j’ai proposé de remplacer la rente pétrolière avec une autre plus viable, l’agriculture moderne. Nous avons pour deux siècles d’irrigation de tout le Sahara. Nous pouvons créer de grandes fermes modernes à l’américaine. Nous pouvons non seulement atteindre l’autosatisfaction en matière de céréales, que nous importons d’ailleurs, mais nous pouvons aussi devenir l’un des plus grands pays exportateurs de produits agricoles.
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