vendredi 30 octobre 2015

Je ne défends pas le projet du gaz de schiste à n’importe quel prix

- Vous étiez l’un des défenseurs du projet de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. L’êtes-vous encore après tout ce qui s’est passé au Sud ? Je n’ai pas changé d’avis, mais je ne défends pas le projet du gaz de schiste à n’importe quel prix. Ma position a été mal interprétée. Je défends le principe de l’exploration pour que l’on sache ce que nous avons comme richesses et comment éventuellement les exploiter dans 10 à 15 ans comme l’ont fait les Américains. Mais nous savons, aujourd’hui, que ce projet n’est pas rentable. - L’Etat n’a pas réussi à convaincre les habitants d’In Salah qui continuent encore à s’y opposer. A-t-il échoué sur ce plan ? Le débat général au sujet du gaz de schiste a été complètement faussé par des informations erronées véhiculées par des personnes qui ne connaissent rien de ce sujet. Il s’agit d’un problème technique que seuls les techniciens peuvent résoudre avec des recommandations pouvant aboutir aussi bien à un constat positif pour son exploitation que le contraire. Il y a certes aussi un débat d’ordre stratégique et même politique qui doit être mené à ce sujet, mais on ne peut le faire à ce moment-là que sur la base d’un dossier contenant toutes les données techniques, les avis des uns et des autres, les enjeux et défis de toutes sortes.  On peut cependant reprocher l’insuffisance, souvent même l’absence de communication, aggravée de décisions précipitées de la part des organismes et institutions concernés sur ce sujet. De plus, je pense que l’erreur était de commencer le projet d’In Salah. On n’aurait pas eu de problème si nous l’avions entamé dans l’erg oriental ou occidental ou dans le Tassili N’moudir, une zone déserte de 150 km2. - L’Etat a tout de même entamé les tests, alors que le projet n’a pas drainé d’investisseurs… Si les investisseurs ne sont pas venus, c’est parce qu’ils considèrent aussi que les conditions fiscales et contractuelles ne le permettent pas. Cela est valable même pour les hydrocarbures conventionnels, et il n’y a qu’à voir ce qui se passe en ce moment avec un baril qui risque de stagner encore sur deux ou trois ans à un niveau décourageant tout investissement dans le secteur des hydrocarbures. Et c’est généralement dans ce genre de situation qu’un pays qui a besoin de ressources qu’il ne peut pas développer seul du point de vue technologique ou financier, qu’il doit tenter de promouvoir cette activité à travers ses outils (Alnaft & Sonatrach) en prenant le premier risque financier, donc quelques forages d’exploration pour mettre en évidence l’intérêt d’un éventuel partenariat. Je vous rappelle que ça a toujours été le cas après les chocs pétroliers de 1980, 1986, et ceux qui ont suivi. - Quel est l’avenir de ce projet après la décision de son gel prise en février dernier par le chef d’Etat ? La solution n’est ni dans le gaz de schiste, qui ne surviendra qu’en appoint s’il est rentable à l’avenir, ni dans les hydrocarbures qui compteront jusqu’en 2040, dans le meilleur des cas, mais dans le travail et la production de nouvelles richesses. Le secteur de l’énergie a ses propres problèmes face à une production en déclin, un renouvellement insuffisant des réserves, une consommation nationale en croissance insoutenable à l’avenir, un modèle de consommation énergétique obsolète. L’urgent est de démarrer concrètement une transition énergétique basée sur un mix énergétique avec toutes les ressources possibles, y compris bien sûr les énergies renouvelables dont le rôle sera de plus en plus important.

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