jeudi 29 octobre 2015

Ramtane Lamamra : «La situation en Libye est dangereuse pour la région»

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, définit les principaux facteurs qui bloquent le processus du dialogue interlibyen. Il s’agit, selon lui, des sentiments d’«égoïsme», d’«incertitude» et de «frustration» constatés chez les parties prenantes de ce processus qui se déroule, sous l’égide de l’ONU avec un appui important de l’Algérie et de la communauté internationale, pour extirper ce pays de la guerre civile. «Mais ces sentiments doivent pouvoir laisser la place à un sentiment plus fort : le patriotisme. Sauver la Libye, voilà la boussole qui doit guider les uns et les autres. Je ne veux faire la leçon à personne, mais l’heure est grave. Et les Libyens ont cette possibilité de se retrouver pour construire l’avenir», déclare le chef de la diplomatie algérienne dans un entretien accordé, mardi dernier, au journal français Le Monde. Selon lui, la situation en Libye est la plus inquiétante de tous les problèmes existants dans la région, «surtout si l’absence d’accord devait persister». «Elle est dangereuse pour le peuple libyen et pour son voisinage – la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Tchad, le Niger et l’Algérie», précise-t-il, en soulignant les «efforts colossaux fournis par l’Algérie pour limiter, sinon éliminer tout risque terroriste sur son territoire». «Mais la sanctuarisation d’un territoire est quasiment impossible», indique-t-il, qualifiant d’«essentiel» le rôle que joue le pays pour la réussite du dialogue interlibyen. «L’Algérie a parlé à toutes les parties, à l’exception des groupes terroristes. L’Algérie a une capacité d’écoute et de rassemblement. Des Libyens de toutes les régions, de toutes conditions, de toutes obédiences politiques sont venus en Algérie, souvent discrètement, parfois officiellement. L’Algérie ne s’ingère pas dans leurs affaires intérieures, elle veut être partie prenante d la solution. Ce message est compris de toutes les forces libyennes», enchaîne-t-il. Dans le même sens, le ministre des Affaires étrangères revient sur le plan international mis en œuvre pour rapprocher les différentes parties qui est, selon lui, «une manière de mettre les Libyens ensemble». «C’est ensuite à eux qu’appartient de trouver une solution permettant de faire franchir à leur pays ce cap difficile», déclare-t-il, rappelant que l’Algérie a signé avec une dizaine d’autres parties – pays arabes, européens, Etats-Unis, UE – un communiqué appelant les Libyens à accepter ce projet d’accord. «Derrière cet appel, il y a pour tous la claire perception du danger qui réside dans l’absence d’accord», dit-il. Ramtane Lamamra appelle, dans la foulée, «à éviter les erreurs du passé» qui ont conduit au chaos qui règne actuellement en Syrie et en Libye. Abordant la question malienne, il souligne d’emblée la difficulté des défis à relever dans ce pays, en raison notamment des réseaux criminels et terroristes qui «feront tout pour que l’Accord d’Alger ne soit pas appliqué». «Mais le fait que les parties signataires du nord du Mali qui étaient en confrontation ouverte soient arrivées (début octobre) à un accord est un progrès important. Cela contribue à créer une atmosphère favorable à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger», affirme-t-il. Soulignant le rôle de la diplomatie algérienne dans la résolution des conflits, Ramtane Lamamra affirme que «la voix de l’Algérie, de par son expérience dans la lutte antiterroriste, est écoutée actuellement». Abordant les relations entre l’Algérie est la France, le chef de la diplomatie fait remarquer que les deux pays ont réussi à construire «un partenariat d’exception». «Jamais nous ne nous sommes autant vus, jamais nous ne nous sommes parlé de façon aussi approfondie. L’économie a sa part. Il y a beaucoup de projets de partenariat qui se mettent en place. Sur le plan sécuritaire, nous avons des contacts fréquents, des visite du ministre de la Défense, M. Le Drian, des chefs d’état-major. Des projets de coopération militaire existent dans le domaine de la formation, de l’échange d’expérience. Une commission militaire mixte fonctionne entre les deux pays. C’est un partenariat complet», a conclu M. Lamamra.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire