dimanche 23 octobre 2016

L’Egypte, invitée d’honneur et la Russie sur le retour

Cinquante pays ont confirmé leur présence au 21e Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se déroulera du 27 octobre au 5 novembre au Palais des expositions des Pins maritimes, Safex, à l’est de la capitale. Les pavillons du Palais seront occupés par 968 maisons d’édition dont 265 algériennes. «Le livre, totale connexion» est le slogan choisi pour l’édition de cette année avec l’Egypte comme pays invité d’honneur. «Le choix de l’Egypte est motivé par les bonnes relations qui existent entre les deux pays et la culture millénaire de ce pays. L’Egypte a donné à la littérature arabe, un Nobel de littérature, Naguib Mahfoud», a précisé Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila, lors d’une conférence de presse tenue hier à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, à Alger.  «Le volet culturel est un élément important de notre coopération avec l’Algérie. La culture est le pont des peuples, sans visa et sans barrière douanière. Nous serons présents avec de la littérature, du cinéma et de la musique», a annoncé, pour sa part, Omar Ali Abou Aich, ambassadeur d’Egypte à Alger. L’Inde, la Grèce et le Canada participeront pour la première fois à la manifestation, alors que la Russie marquera son retour après une absence de six ans. Le comité d’organisation espère dépasser la barre des 1,5 million de visiteurs enregistrés lors de la précédente édition. «Nous souhaitons atteindre les deux millions de visiteurs surtout que le Sila coïncide avec les vacances scolaires. L’affluence du public est un facteur déterminant pour la réussite d’un Salon. Toutes les conditions sont réunies pour permettre la venue du public, surtout que le parking du Palais des expositions a été aménagé. Tout est fin prêt pour recevoir les éditeurs, les visiteurs et les invités du Sila», a soutenu Hamidou Messaoudi, saluant l’effort des sponsors pour soutenir financièrement le Salon. Le budget du sila a été réduit de 50% en raison de la politique d’austérité du gouvernement. Le règlement intérieur du Salon a été amendé pour interdire le dépôt des livres à même le sol au niveau des stands. «Les éditeurs doivent se débrouiller pour éviter cette humiliation faite aux livres. Je rappelle que le commissariat du Sila s’occupe des procédures douanières. L’éditeur étranger ou algérien est mis à l’aise puisqu’il trouve ses ouvrages dans son stand», a précisé le responsable du Salon. Selon lui, le nombre d’exemplaires de livres exposés au Sila n’a pas été augmenté. «Nous n’avons rien changé. Chaque éditeur a le doit de mettre en vente 200 exemplaires pour chaque livre paru en 2015 et en 2016, 50 exemplaires pour les ouvrages parus en 2013 et 2014», a-t-il dit. Des réserves sur 131 titres Le comité de lecture présidé par le directeur du livre au ministère de la Culture, Ahcène Mermouri, a retiré 131 titres sur plus de 30 000 titres prévus au Sila 2016. «Il s’agit de 0,03%, quantité négligeable selon les physiciens. Le comité, qui travaille depuis le 12 mai dernier, a remis la liste des livres sur lesquels des réserves ont été exprimées le 27 septembre. Il ne s’agit ni d’une censure ni d’une interdiction, mais de mesures préventives. L’article 8 de la loi sur le livre interdit la circulation de livres contraires à la Constitution, à l’islam, aux autres religions ou qui font la propagande du terrorisme ou de l’extrémisme ou qui glorifient le colonialisme et le racisme», a indiqué M. Mermouri. Le même texte de loi interdit, selon lui, la vente de livres qui portent atteinte à la souveraineté, à l’unité et à l’identité nationales, aux valeurs culturelles de la société, aux impératifs de sécurité ou de défense. «Notre travail se poursuivra durant les journées du Salon. Le bureau du comité restera ouvert», a-t-il noté. «Il faudrait savoir ce que l’on veut. Lorsque l’on trouve un livre qui a échappé à la vigilance du comité de lecture dans les stands, on organise tout un tapage. Et lorsque l’on retire un livre, on nous demande pourquoi. C’est vrai qu’il y a internet, chacun est libre de lire ou de publier ce qu’il veut. Mais, nous, au Sila, on ne veut pas de livres qui portent atteinte à nos valeurs et à notre société», a déclaré Hamidou Messaoudi. Une centaine d’invités Le comité d’organisation a invité une centaine de personnalités pour animer une vingtaine de conférences et de rencontres-débats. «60 invités sont Algériens et 28 viennent des pays arabes. Nous avons donc donné la priorité aux écrivains et auteurs algériens. C’est après tout, notre fête ! Nous avons donné la chance à tout le monde, y compris aux écrivains de la troisième génération, ceux notamment qui ont décroché l’année dernière le prix Assia Djebar du meilleur roman. Ils seront entourés par le grand romancier Waciny Laredj», a soutenu le responsable du Sila. Selon Djamel Chaâlal, directeur de la communication du Sila, le programme des activités culturelles a été préparé en concertation avec plusieurs institutions culturelles et scientifiques ainsi que des représentations diplomatiques. «Nous avons programmé au moins 17 rencontres. Il s’agit de débats ouverts avec des écrivains et des intellectuels. Nous avons également programmé des projections de films. Le pays invité, l’Egypte, a également préparé son propre programme qui va s’étaler sur toute la durée du Salon», a-t-il indiqué. Le Sila 2016 rendra hommage, entre autres, à Boualem Bessaih, Cheikh Bouamrane, Rachid Aït Kaci, Nabile Farès, Abderrahmane Zakad, Salah Khebbacha, Hamid Nacer Khodja et Mouloud Mechkour, disparus cette année. Le cinéaste franco-grec, Costa Gavras, sera également à l’honneur. «Costa Gavras n’est plus à présenter tant son engagement avant-gardiste est connu de tout le monde. Ses films seront projetés à la salle Ali Maâchi et à la Cinémathèque d’Alger», a précisé Djamel Chaâlal. Le samedi 29 octobre, Cervantes et Shakespeare seront célébrés à la faveur des 400 ans de leur disparition. Deux débats leur seront consacrés, animés, entre autres, par Issa Islam (Grande-Bretagne), Mohamed Kali (Algérie), Rafael Valencia (Espagne) et Adriana Lassel (Algérie-Chili). L’Esprit Panaf, l’espace consacré aux littératures africaines, change de place, passe du pavillon central au pavillon G. Plusieurs conférences et rencontres y sont prévues autour de thématiques variées comme «Les littératures africaines entre langues d’expression et langues d’écriture», «Anglophones, lusophones ou francophones : l’Afrique et ses littératures plurielles», «Les éditions numériques, l’Afrique s’y met» et «La poésie africaine, un monde de musique et de couleurs». Enfin, Hamidou Messaoudi a annoncé que le prix Assia Djebar du meilleur roman algérien ne sera pas remis durant le Salon, mais en décembre prochain.

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