Tentative de suicide dans un lycée dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les faits remontent à quelques semaines. Il s’agit, selon des témoignages recueillis auprès de l’établissement, de deux lycéens qui se sont isolés des regards de leurs camarades de classe. Etant surpris par les menaces d’un responsable de ce lycée, le garçon et la fille, certainement pour éviter une confrontation avec le responsable et de tout le lycée, ont préféré se jeter par la fenêtre de la salle de classe située au deuxième étage. Les deux lycéens ont eu la vie sauve, mais avec des séquelles physiques et psychologiques à vie. Nous sommes là face à des formes de désespoir qui poussent parfois les adolescents à commettre l’irréparable. Entre fugue, tentative de suicide ou violence sur autrui, les écoles sont chaque jour le théâtre de plusieurs formes de violence et donnent ainsi le sentiment de vivre dans un climat scolaire peu rassurant. 13 768 cas de violence ont été enregistrés dans le cycle primaire durant l’année scolaire 2015/2016 sur un ensemble de 4 081 530 élèves, révèle Mustapha Medjahdi, directeur de l’Observatoire national de l’éducation et de la formation (ONEF). Dans le moyen, le secteur a recensé 20 517 cas sur un ensemble de 2 614 948 élèves. Durant la même période, dans le secondaire, 5098 cas de violence ont été enregistrés sur un ensemble de 1 379 165 élèves. Les violences concernent des actes entre élèves, entre élèves et enseignants. 52% des cas de violence sont enregistrés dans le moyen, révèle l’étude menée par ledit observatoire dans le cadre de la stratégie de lutte contre la violence que compte mettre en place le ministère de l’Education nationale. Le département de Nouria Benghabrit veut introduire plusieurs mesures dès la rentrée prochaine dans le cadre de la stratégie de prévention et de lutte contre la violence en milieu scolaire. Détecter un élève en détresse Le défi lancé par ce département est de pouvoir fournir aux enseignants des outils pour concrétiser les connaissances théoriques sur le terrain. «La formation en pédagogie et en psychologie de l’enfant acquise lors des études universitaires ne doit pas rester une théorie. Notre stratégie est de proposer aux nouveaux enseignants, durant leur période de formation, des clefs qui leur permettront de mettre ces connaissances en pratique. Autrement dit, rendre la formation conforme à la réalité du terrain», explique le directeur de l’ONEF. Un protocole de repérage sera proposé dès la rentrée. L’enseignant doit acquérir les moyens pour identifier un enfant en détresse avant de pouvoir ensuite le mettre en parcours de prise en charge. «On ne doit pas gérer un conflit à l’intérieur de l’école comme on le fait à la maison ou dans la rue», souligne M. Medjahdi. Dans le primaire, la stratégie de lutte contre la violence placera l’enseignant en première position des personnes interpellées face aux changements de comportement des enfants qui peuvent être l’indice d’une crise. Concrètement, l’enseignant doit signaler au directeur de l’établissement toute anomalie dans le comportement de l’élève. Le directeur doit mentionner le cas sur un registre pour le suivi. Des mesures à la rentrée Des prises en charge par les Unités de dépistage et de suivi (UDS) ou structure publique spécialisée doivent être envisagées si le conseil de l’orientation au niveau de l’établissement est dépassé. Le conseiller à l’orientation aura un rôle d’accompagnateur dans les cas nécessitant une prise en charge, explique notre interlocuteur. M. Medjahdi dénonce d’ailleurs le détournement des missions des conseillers de l’orientation dotés de formation en sociologie ou psychologie vers des tâches administratives au détriment de la prise en charge des élèves en difficulté. Au CEM et au lycée, ce sont les adjoints de l’éducation qui doivent être attentifs aux signaux envoyés par les élèves. La difficulté concerne les cas de maltraitance, de harcèlement, de diffusion de photos sur les réseaux sociaux, d’agressions… Le projet du département de l’éducation vise également à rétablir «le respect de la spécialité», à travers la définition des missions de chaque poste. Le secteur récolte actuellement les conséquences de chevauchement des prérogatives. Il s’agit également d’actualiser le règlement intérieur des établissements scolaires et la mise en place de listes des mots interdits en classe. «Nous visons à bannir un certain vocabulaire dans les établissements pour rompre avec la violence verbale auparavant tolérée dans nos écoles», explique M. Medjahdi.
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