Nommé jeudi, installé vendredi et limogé dimanche… Le nouveau ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Messaoud Benagoun, n’a passé que 48 heures à la tête de ce département. Il a été dégommé aussitôt après avoir pris officiellement ses fonctions. La décision concernant son limogeage a été annoncée, hier en début d’après-midi, par la présidence de la République dans un communiqué diffusé par l’agence APS. «Conformément aux dispositions de l’article 93 de la Constitution et sur proposition de Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre, son Excellence Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a démis ce jour (dimanche, ndlr) Messaoud Benagoun de ses fonctions de ministre du Tourisme et de l’Artisanat», indique la Présidence dans le même document. C’est, en tout cas, une première dans les annales politiques du pays. Du jamais vu de par le monde également. Que s’est-il passé ? Pourquoi le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a-t-il sollicité le chef de l’Etat pour éliminer une personne qui vient tout juste d’être nommée membre du gouvernement ? La désignation de ce nouveau gouvernement est-elle le résultat des consultations menées par l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal ? Ce genre de couac ne devrait pas, en principe, se produire. «C’est un scandale d’Etat, un autre scandale révélateur du processus de décomposition contre lequel nous avions mis en garde», a lancé le président du MSP sur sa page facebook. Amara Benyounès s’est-il trompé ? Son nom est proposé par le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, pour qu’il soit le représentant du parti au gouvernement. Auparavant, le jeune Benagoun a été candidat du même parti aux législatives du 4 mai dernier dans la circonscription de Batna. Mais il n’a pas été élu. «Son dossier n’aurait pas été accepté pour la candidature à la députation, s’il avait des antécédents avec la justice», affirme une source proche du MPA, qui dément tout ce qui se dit concernant «les condamnations à des peines de prison» du désormais ex-ministre du Tourisme. Amara Benyounès aurait-il fait le mauvais choix ? «On ne connaît pas les raisons de ce limogeage. Mais il n’y a rien à retenir contre Messaoud Benagoun», ajoute notre source. Selon certaines indiscrétions, le comportement et la réputation de ce jeune membre d’une organisation des étudiants seraient à l’origine de cette décision. «Dès son arrivé au ministère du Tourisme, il a commencé à limoger et à intimider les cadres. Ce n’est pas l’attitude d’un ministre», explique une source proche du ministère du Tourisme. Avant d’intégrer la liste MPA aux dernières législatives, Messaoud Benagoun était membre de l’UNEA, une organisation proche du FLN. Il est plutôt connu dans les cités universitaires d’Alger où, en tant que membre d’une organisation estudiantine, impose sa loi aux directeurs et autres responsables de ces structures. Mais comment a-t-on choisi son profil ? A-t-il fait l’objet des enquêtes d’habilitation d’usage avant l’acceptation de son dossier ? Avant leur nomination officielle, les hauts cadres de l’Etat passent obligatoirement par des enquêtes que mènent les services de sécurité. Ce qui laisse planer des doutes sur le limogeage du ministre. L’enquête d’habilitation est-elle menée ? Cette nouvelle renseigne, en tout cas, sur la situation dans laquelle se trouvent les institutions du pays. Ce n’est pas la première fois que de telles erreurs monumentales et impardonnables à cette échelle sont commises. En 2015, un remaniement ministériel s’est soldé par une grave bourde : la désignation de deux ministres pour conduire la diplomatie algérienne. Le premier est Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, et le second est Abdelkader Bensalah qui s’est vu confier, en plus des affaires maghrébines, africaines et la Ligue arabe, les relations internationales. Il a fallu attendre également quelques jours pour voir l’erreur corrigée pour permettre au ministre des Affaires étrangères de reprendre ses prérogatives.
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