lundi 29 mai 2017

Récit de l’interpellation par la police marocaine de Djamel Alilat, journaliste à El watan

La nouvelle de l’arrestation de notre confrère Djamel Alilat par la police marocaine à Nador nous est parvenue vers 2h du matin.   «Votre confrère a été arrêté hier à 22h30 (la soirée du dimanche, ndlr) par la police marocaine à Nador», alerte en message privé, sur les réseaux sociaux, un citoyen algérien établi à Rabat. Cette personne est, en réalité, le premier contact qu’avait Djamel Alilat avant de se poser sur le sol Marocain où il était chargé par notre journal de couvrir les manifestations dans la région du Rif. Mais comment vérifier une information qui tombe à une heure tardive du deuxième jour du ramadan ? Notre contact prend l’initiative de nous mettre en lien avec les amis de notre confrère dont ceux qui l’ont accueilli la nuit du samedi à Rabat avant de gagner Nador où une action était prévue pour la nuit du dimanche. «Effectivement, Djamel a passé la nuit chez moi avant-hier (la nuit du samedi, ndlr). C’est moi-même qui l’ai mis en contact avec des militants rifains de la région du Nador. Il a été interpellé par la police en compagnie de l’un d’eux lors de la manifestation organisée dans la soirée d’hier dans cette région du nord», affirme notre source, de nationalité marocaine. L’information commence a être partagée sur les réseaux sociaux. Le directeur d’El Watan, Omar Belhouchet est avisé. Des confrères ont même pris l’initiative d’alerter le ministère des affaires étrangères. Il est 3h du matin. Tout semble être un simple contrôle de routine d’une police prise par la panique dans un contexte fragile marqué par des tensions après les événements d’El Hociema. De plus, il n’y a rien d’anormal dans des pays comme le Maroc ou l’Algérie, connus pour leurs régimes autoritaires, qu’une interpellation d’un journaliste étranger présent dans l’un des deux. Quelques minutes plus tard, les premiers papiers publiés dans des sites électroniques marocains tombent et rapportent des informations controversées. L’orientation du contenu de ces derniers nous a fait comprendre qu’il y a en réalité une volonté des autorités marocaines à donner un autre sens à la présence de notre confrère sur les lieux de la manifestation à Nador. Ces organes ont tous rapporté la même version des faits en se basant, comme ils l’ont indiqué, sur des informations délivrées, citons-le, par des sources sécuritaires marocaines.  «Un journaliste du quotidien algérien El Watan a été interpellé en marge d'une manifestation, nous assure une source sur place. Il serait soupçonné d'inciter les habitants à manifester et pourrait subir une procédure d'expulsion. Des manifestants cités par notre confrère Goud.ma récusent pour leur part ces soupçons. Pour l'heure, nous ne disposons pas de plus d'informations sur cette affaire», rapporte le site du magazine marocain Telquel. Telquel a cité en fait deux organes, Goud.ma et Hespress. Le site Goud a précisé qu’un procureur général a demandé à enquêter sur notre journaliste. De son côté le site Hespress, qui dit avoir rapporté l’information des services de sécurité, livre plus de détails sur cette affaire : «des sources sécuritaires affirment que l’algérien interpellé lors de la manifestation de Nador a prétendu travailler au quotidien algérien, El Watan, et qu’il est dans le nord du Maroc dans le cadre de l’exercice de ses fonctions.  Ladite personne a ajouté qu’il n’a pas pu avoir l’accréditation du ministère de la communication marocain», rapporte le site. Et Hespress d’aggraver les faits : «selon les mêmes sources, la personne en question est mise directement sous garde à vue sur ordre du procureur général et ce dans le but, d’enquêter sur la nature de son travail, sur les objectifs de sa présence sur le sol marocain et les liens qu’il pouvait avoir avec les événements courants surtout qu’il s’est avéré qu’il crèche chez un militant rifain.» Mais il y a pire. Certains sites d’informations marocains ont, non seulement refuser de reconnaître la qualité de journaliste de notre confrère mais aussi ils ont carrément osé le qualifier d’«espion» et de «main étrangère». Très tôt le matin, toute la rédaction d’El Watan s’est réuni en présence  du directeur de la publication, Omar Belhouchet. Ce dernier a pris contact avec les deux ministères, des affaires étrangères et de communication et avec plusieurs organisations locales et étrangères dont Reporters sans frontières. Jusque-là, la seule information que nous détenons, c’est celle qui a rapport avec le coup de téléphone passé à 5h du matin par Djamel Alilat à son ami marocain du Rabat. Selon ce dernier, «Djamel Alilat lui a demandé d’alerter l’ambassade d’Algérie au Maroc».    

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