Le professeur Ali Merad, islamologue reconnu, est décédé, mardi 23 mai, à Lyon (France), à l’âge de 86 ans. Après la prière du mort à la Grande Mosquée, le défunt a été enterré au carré musulman. Les rares présents ont regretté l’absence de personnalités politiques ou universitaires et du consulat algérien. «Sur place, j’a été profondément déçu. A part la famille très proche du Pr Ali Merad, les personnes présentes se comptaient sur les doigts d’une seule main : Kamel Kabtane (recteur de la GML), Hafid Sekhri (Mosquée de la Duchère), Ikhlef Chikh (Villeurbanne), le père Christian Delorme (Diocèse de Lyon) et moi-même», signale dans un post sur sa page Facebook Azzedine Gaci, responsable religieux. Ahmed Madi, directeur des éditions El Hikma, se souvient d’un homme affable et discret. Sa rencontre avec l’éminent spécialiste de l’islam s’est faite à Paris et a donné lieu à l’édition de son ouvrage de référence, Le Réformisme musulman en Algérie de 1925 à 1940. Essai d’histoire religieuse et sociale. «Dar El Hikma était la seule à avoir sa librairie au sein de l’université de Bouzaréah. J’avais des contacts avec les enseignants et les étudiants, qui m’ont réclamé le titre de Merad sur le Réformisme musulman algérien. Le livre édité une première fois en 1967 n’était pas disponible. Le Salon de Paris de 1999 était l’occasion de rencontrer l’auteur et de décider d’éditer son ouvrage. Le suivi de l’édition de ce livre lourd par sa pagination et sa bibliographie était confié à Omar Lardjane, universitaire connu. Il sera traduit en arabe par le défunt Yahiatène», signale Ahmed Madi qui fait remarquer que l’édition, vendue à 2000 exemplaires, est épuisée depuis longtemps. L’homme était revenu rarement au pays au début des années 2000. «Merad suivait tout le processus de publication et de traduction du livre. Il est revenu la dernière fois en 2003 ou peut-être deux fois après. Ses amis n’ont plus eu de ses nouvelles. Il était souffrant», souligne Madi. Spécialiste de l’islam réformiste, Merad a eu un parcours brillant. Né à Laghouat, le 21 octobre 1930, il a étudié à l’Institut des lettres de l’université d’Alger, où il obtint son diplôme de langue arabe en 1954. Il décroche l’agrégation à la faculté de la Sorbonne (Paris) en 1956 avant d’avoir son diplôme de doctorat d’Etat es lettres en 1968 avec une thèse sur le réformisme musulman en Algérie. Le défunt professeur, tout aussi prolifique qu’un autre Algérien, son ami Mohamed Arkoun, s’est intéressé à l’Association des oulémas et son leader à qui il consacre un livre : Ibn Badis commentateur du Coran. Merad publie d’autres livres consacrés à l’histoire de l’islam et à son corpus : Lumière sur lumière, pages de l’islam : introduction à la pensée islamique, introduction à la pensée musulmane, L’Islam contemporain, Charles de Foucauld au regard de l’islam, Islam et christianisme en dialogue, Le Califat, une autorité pour l’islam ?, etc. Enseignant à l’université de Lyon3, Merad occupera une chaire à l’université Paris 3. Il a remplacé Mohamed Arkoun à la direction du Centre des études de l’Orient contemporain. Ni dépêche de l’agence très officielle, APS, ni message des autorités politiques ou universitaires ne sont venus rendre hommage à l’homme. Le alim, comme son compère Arkoun, est mort en dehors de son pays et sera enterré loin des siens. Sa pensée universelle survivra. Le plus grand hommage que puissent lui rendre ses compatriotes algériens, c’est de le lire…
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