vendredi 2 octobre 2015

Ali Arbaoui : 20 000 DA par mois pour avoir défendu mon pays

Après avoir passé 15 ans de sa vie à servir la République en tant que militaire rappelé, puis 14 ans comme garde communal, Ali Arbaoui n’a toujours pas eu la vie facile. «Nous avons accompli les mêmes missions que les militaires. Mon fils aîné, Alaa, 17 ans, est né alors que je me trouvais en opération de ratissage au maquis et je ne l’ai vu qu’un mois après. C’étaient des années très dures, je vous l’assure», avoue-t-il. Avec sa femme et leurs quatre garçons, ils vivent depuis 2007 dans une cabane de fortune, sans eau ni électricité, à Héliopolis, un quartier très pauvre de la ville de Guelma, avec sa retraite de garde communal, environ 20 000 DA. Après avoir tenté à maintes reprises d’avoir un logement décent pour sa famille, Ali, désespéré, décide de mettre fin à sa vie, en mars 2013, en faisant exploser une bouteille de gaz de butane sur lui. Sa famille tente de l’en empêcher, en vain. Ali est hospitalisé en urgence à Guelma où il passe dix jours. Les médecins l’ont sauvé ; les membres de sa famille en sont sortis indemnes, avec quelques brûlures légères. Des dizaines de gardes communaux se sont déplacés et ont organisé des actions de solidarité pour que l’Etat lui attribue un logement. Sans succès. «De quelle réconciliation nationale me parlez-vous, s’interroge-t-il. N’ai-je pas le droit de vivre dans la dignité après tous les sacrifices que j’ai consentis pour mon pays ?» Trois ans plus tard, Ali et sa famille vivent toujours dans le même bidonville. Cette maison, qui appartenait à l’origine à une vieille dame sans héritier, décédée depuis, est aujourd’hui au cœur d’un conflit entre Ali et les anciens locataires qui veulent aujourd’hui la récupérer. Des échauffourées se sont déclenchées récemment entre les deux familles. Ali Arbaoui a passé l’Aïd en prison. Libéré 12 jours plus tard, il sera jugé le 25 octobre prochain. Sa femme, elle, passera devant le procureur ce lundi et son fils aîné, Alaa, jeudi prochain. Ali Arbaoui n’en revient pas. «Je suis humilié et précarisé. Je n’en ai aucun droit dans mon pays que j’ai défendu corps et âme. Mieux vaut mourir que de vivre une telle situation.»  

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