dimanche 25 octobre 2015

La fragilité du réseau algérien

Pour le troisième jour consécutif, les Algériens ont eu du mal à se connecter au réseau internet. La panne, imputée à «une coupure du câble sous-marin à Annaba», persistait toujours hier tard dans la soirée. Contacté par El Watan, Abdelmalek Touati, directeur de la communication à Algérie Télécom, a affirmé qu’«une cellule de crise a été créée regroupant les cadres dirigeants de l’entreprise et que le navire italien chargé de réparer la panne était attendu hier soir pour démarrer les travaux sur le lieu de la rupture, qui se trouve à 13 km au large de la plage de Sidi Salem (Annaba)». La phase la plus difficile est la localisation exacte de la panne et le remorquage des câbles pour soudure. Une ancre jetée par l’un des deux navires ayant transité par la zone, dont l’un battant pavillon maltais, pourrait être à l’origine de cette panne. Les autorités maritimes algériennes ont ouvert une enquête afin que l’entreprise puisse demander réparation», a déclaré M. Touati, directeur de la communication à Algérie Télécom. Pour lui, cette situation entraîne un manque à gagner certain pour Algérie Télécom en plus du coup dur porté à l’image de l’opérateur public qui s’est lancé, récemment, dans une vaste opération de modernisation et de mise à niveau. Trois ingénieurs d’Algérie Télécom, spécialisés dans la câblerie sous-marine, ont été chargés de participer à l’opération de remise en état dont la durée n’a pas été précisée. Contacté pour avoir son éclairage, Younès Grar, observateur des évolutions des TIC en Algérie, a estimé que le rétablissement de la situation dépend de plusieurs paramètres : «Il faut repérer la panne et mesurer la gravité de la détérioration du câble. S’agit-il d’une simple soudure ou d’un remplacement ? L’opération dure en moyenne une semaine, ça peut aller au-delà, mais je ne le pense pas, surtout que la météo est plus ou moins favorable et que la panne n’est pas très loin des côtes algériennes.» Selon ce spécialiste, «il ne faut plus qu’on reste dépendant d’un seul canal et avoir plusieurs solutions et opérateurs pour partager la charge. Il faut utiliser d’autres supports terrestres : nous avons exploité le réseau tunisien après le séisme de Boumerdès, il permet de récupérer une partie du trafic et minimiser les impacts, à condition que le réseau soit bien planifié». En d’autres termes, il s’agira de créer d’autres sorties (aérienne, terrestre) et diversifier les canaux de connexion. C’est une des solutions pour moins sentir les coupures et les désagréments. Cet état a rendu les gens nerveux face à une absence totale de connexion et la plupart des cybercafés ont fermé ou ont été réduits à faire des photocopies ou scanner des documents. Les adeptes des réseaux sociaux ont déserté les lieux. «Cela a prouvé que les Algériens sont accros de technologies en utilisant facebook et YouTube.» En effet, les modes de vie et de consommation se trouvent profondément transformés par le développement de l’internet en raison de la nature même de ce «média à tout faire», qui permet à la fois d’accéder aux programmes de la radio et de la télévision, de diffuser et de partager ses propres images et vidéos, textes ou musiques, de communiquer de vive voix ou par écrit et d’accomplir certaines tâches de la vie quotidienne. Internet n’est plus un outil accessoire ou de prestige auprès des jeunes Algériens qui ont été très vite convertis aux vertus du multimédia et du digital. Younès Grar attire l’attention sur un autre phénomène qui pousse à consommer de la bande passante : 90% des sites sont hébergés à l’étranger. «Il faut relancer le .dz et les datacenters, cela va nous faire économiser la bande passante. Héberger à l’étranger peut poser aussi des problèmes de sécurité. Cependant, il faut que la qualité soit bonne et les prix compétitifs».

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