Le président de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef) fait le point sur la grève cyclique observée les 17 et 18 octobre pour dénoncer les amendements que le gouvernement compte apporter au code du travail. Le syndicaliste exprime la déception des travailleurs face au mutisme du gouvernement qui continue ainsi d’ignorer le cri de détresse de l’intersyndicale et annonce la reprise de la protestation dès la semaine prochaine. - L’intersyndicale a-t-elle convaincu les travailleurs à se mobiliser pour faire barrage à la suppression de la retraite anticipée ? Nous considérons que notre mouvement a réalisé son premier objectif, en étant la préoccupation principale du gouvernement. Au-delà de la guerre des chiffres caractérisant le taux de suivi, menée par les initiateurs et les tutelles respectives, nous considérons que la grève était une réussite. Le gouvernement s’est évertué à minimiser l’impact de la mobilisation au lieu d’ouvrir les portes du dialogue. Il y a malheureusement une marginalisation des syndicats autonomes qui auraient pu enrichir le texte portant sur le nouveau code du travail. C’est cette marginalisation que nous dénonçons et que des milliers de travailleurs refusent de subir. Je pense que le message est passé. Les travailleurs refusent d’être écartés dans la prise des décisions les concernant directement. Il y va de la protection de leur pouvoir d’achat qui est déjà en plein déclin. Alors oui, comme début, l’intersyndicale a convaincu les effectifs, même si on est bien conscient qu’il faut davantage de mobilisation. - Y a-t-il une chance que le gouvernement recule sur l’amendement décrié ? Le projet de loi n’est pas un texte sacré, donc il peut subir des changements. Il est toujours possible d’ouvrir un débat avec les syndicats autonomes pour clarifier les tenants et les aboutissants de l’annulation de ce type de retraite. Ce serait donc l’occasion pour nous d’apporter notre contribution afin de proposer des solutions alternatives à l’annulation du droit à la retraite sans condition. Nous avons des propositions de solution pour le financement de la Caisse nationale de retraite. Pendant que le gouvernement s’entête à présenter la suppression de la possibilité de départ en retraite anticipée comme seule solution au déficit qui guette la CNR, la grève continue, son impact est visible et risque de perturber davantage les services publics et la scolarisation des enfants. Qui a intérêt à ce que le conflit perdure ? - La commission APN de la santé et des affaires sociales a convoqué, au deuxième jour de la grève, les représentants de syndicats sans lien avec l’intersyndicale. Cela ne reflète-t-il pas l’absence de volonté politique des décideurs à ouvrir les portes du dialogue ? Nous avons, en effet, été remplacés par des représentants de syndicats qui ne sont pas signataires de l’appel à la grève et qui n’ont montré aucune opposition au projet d’amendement du code du travail. L’exclusion des syndicats autonomes pratiquée par le gouvernement s’est ainsi propagée au Parlement, qui est censé représenter le peuple. Nous enregistrons avec regret l’exclusion orchestrée des représentants des travailleurs. - L’intersyndicale a-t-elle prévu un travail de sensibilisation à l’adresse des députés qui sont appelés à débattre, à voter ou rejeter le texte ? Nous avons des contacts avec les députés de différentes obédiences politiques, tout en sachant que la majorité est acquise au gouvernement qui risque de faire passer le texte comme une lettre à la poste. Nous lançons donc un appel à tous les parlementaires, nous leur demandons de faire preuve de responsabilité. Ils sont en fin de mandat, qu’ils le terminent avec honneur. Un représentant du peuple acceptera-t-il de cautionner un texte qui étranglera ses frères ? L’histoire ne le lui pardonnera pas… - Mais vous êtes conscient que sans l’adhésion des travailleurs du secteur économique national et privé, l’impact de ce mouvement de protestation ne sera pas très important… Bien que la centrale syndicale UGTA soit le représentant exclusif des travailleurs des entreprises économiques pour des raisons liées à l’entrave à la création de syndicats dans les entreprises, il y a du mouvement au niveau des bases. Nous avons des contacts avec des représentants des travailleurs dans ces secteurs qui nous ont fait part de leur intention de rallier l’action de protestation dans les prochains jours. Des travailleurs de Sonatrach au sud du pays ont débrayé. A Tizi Ouzou, des syndicalistes affiliés à la FNTE de l’UGTA ont rejoint la grève. Les travailleurs du secteur économique expriment les mêmes craintes que ceux de la Fonction publique et leur adhésion est une question de temps. Nous souhaitons les voir le 24 octobre parmi les grévistes. - La grève reprendra le 24 octobre. L’intersyndicale a-t-elle prévu des modifications dans son calendrier ? Des réunions d’évaluation sont prévues pour faire le point sur tous les aspects liés aux journées de protestation. Chaque syndicat apportera également ses propositions pour les actions à venir. Même si les dates sont maintenues, une radicalisation du mouvement de protestation n’est pas à écarter.
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