La chute drastique des revenus pétroliers, les départs massifs à la retraite et la baisse du marché de l’emploi ont eu un impact négatif sur l’équilibre du système de Sécurité sociale, particulièrement la Caisse des retraites, poussant le gouvernement à prendre des mesures, qui sont loin d’écarter le danger. Parmi celles-ci, l’annulation du décret 94-10 du 26 mai 1994, qui donne droit aux travailleurs âgés d’au moins 50 ans (45 ans pour les femmes) qui cumulent 20 ans d’activité au minimum, de prendre leur retraite. Cette solution a fait l’objet d’une large contestation, notamment par l’Ugta qui, lors de la dernière bipartite, l’a fait entendre aux autorités. Le gouvernement ne revient pas sur sa décision, mais décide de la maintenir uniquement pour les femmes et les métiers dits pénibles. Au sein de l’Ugta, un groupe de travail composé d’experts, de médecins du travail et de représentants de fédérations a été chargé d’élaborer la liste de ces métiers qui sera remise au Premier ministre. Membre de ce groupe, Amar Takdjout qualifie cette tâche de complexe : «Il s’agit d’abord d’identifier les secteurs d’activité les plus pénibles. Une première liste a été élaborée. Il s’agit entre autres de la manutention ; des métiers à mauvaise posture comme la confection ; du travail soumis aux vibrations mécaniques, au bruit, aux températures extrêmes ; du travail de nuit et de celui où le travailleur est en contact avec des produits chimiques. Ces secteurs d’activité sont appelés à être décortiqués par les experts qui passeront au peigne fin chacun des métiers et éviter ainsi de laisser en cours de route des catégories vulnérables. Des expertises du Bureau international du travail, des professionnels de l’hygiène et des médecins du travail auront eux aussi leur mot à dire. Pour un travail complet, la commission a pris en compte la liste des maladies professionnelles et fait appel aux expériences des pays comme la France, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne et la Suède. Peut-être que d’ici la fin de l’année, on aura déblayé le terrain. Pour l’instant, nous avons identifié une trentaine d’activités professionnelles. Cette liste reste ouverte. Des métiers nouveaux peuvent être considérés comme pénibles à l’avenir, tout comme d’autres peuvent disparaître du marché du travail et donc de la liste.» Il met l’accent sur la «complexité» de la tâche du groupe de travail qui doit être très précis sur les choix, «souvent difficile à trancher». Notre interlocuteur ne semble pas convaincu du choix de la suppression du système de retraite anticipée comme solution. Pour lui, ce dispositif «n’a pas d’incidence sur l’équilibre financier de la CNR pour la simple raison que les bénéficiaires sont de loin moins nombreux que ceux qui optent pour la retraite proportionnelle (à partir de 50 ans et avant de boucler les 32 ans de service). Il est important de savoir que la retraite anticipée touche surtout les personnes venues très tôt au marché du travail. Aujourd’hui, les Algériens optent souvent pour les études et la formation professionnelle avant d’aller travailler. C’est à partir de 25 ou 27 ans qu’ils ont leur premier poste. Donc ils sont de plus en plus nombreux à opter pour la retraite proportionnelle. Sur les 1,5 million de retraités, cette catégorie compte 600 000 pensionnés, alors que celle relative à la retraite anticipée ne compte pas plus de 256 000 pensionnés. La tendance est de plus en plus à la baisse. Il faudra peut-être se pencher sur le dispositif de retraite proportionnelle et revoir à la hausse l’âge de départ à la retraite, sauf pour les métiers pénibles.»
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