Selon le réseau des registres du cancer au niveau national, les femmes sont plus touchées par cette maladie que les hommes. 25 122 cas sont enregistrés chaque année chez la femme, avec une prédominance du cancer du sein, contre 6748 cas chez l’homme. L’incidence des cancers en Algérie est désormais identifiée et connue. Les premiers résultats du réseau des registres du cancer s’appuyant sur les trois réseaux régionaux, à savoir la région Est, Ouest et Centre, basés sur des données scientifiques au 31 décembre 2014, font état de 41 870 nouveaux cas de cancers, toutes localisations confondues, avec une prédominance féminine : 16 748 cas chez l’homme et 25 122 chez la femme. Une prédominance expliquée par l’incidence élevée du cancer du sein, a expliqué le professeur Hamdi-Cherif, épidémiologiste et doyen des registres de cancer, en l’occurrence le registre de Sétif — premier à être validé et reconnu par les instances internationales (puis ceux d’Alger et d’Oran). L’opération, lancée depuis 2014 sous l’égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a ciblé une population de 38,7 millions d’habitants et a permis d’atteindre son objectif de toucher les 50%. «Nous avons atteint les 52% de couverture. C’est l’objectif fixé, soit la couverture d’une population de 20 224 844 habitants», a indiqué le Pr Hamdi-Cherif, qui a noté que ces statistiques ont permis également de se projeter sur les dix années à venir en fonction du taux d’accroissement de la population. Des projections qui donnent sérieusement froid dans le dos, a-t-il souligné. Il est donc prévu d’enregistrer 50 034 nouveaux cas en 2020 et 61 000 en 2025. C’est pourquoi, a encore précisé le Pr Hamdi-Cherif, il est temps de se mettre au travail et s’attaquer aux facteurs de risque, identifiés et connus de tous. «Effectivement, les chiffres nous renseignent sur l’état des lieux de la maladie, mais l’important aujourd’hui est de s’attaquer à l’ennemi essentiel, à savoir les facteurs de risque que sont le tabagisme, l’alimentation, l’obésité et surtout assurer une prise en charge de qualité aux patients algériens. Permettre un meilleur accès aux soins», a déclaré le professeur Zitouni, coordonateur du plan cancer 2015-2019. L’épidémiologiste a également présenté une courbe portant une projection globale de l’incidence du cancer en Algérie de 2015 à 2025, qui prévoit une augmentation du nombre des cas pour atteindre les 70 556 nouveaux cas. «Le travail est maintenant accompli sur des bases scientifiques avec les registres validés, il reste que la réflexion doit être orientée sur les actions urgentes à entreprendre pour lutter contre les facteurs de risque pour prévenir certains cancers et assurer une meilleure qualité de vie et la survie des patients», a-t-il ajouté. Pour le Pr Bouzid chef du service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie, il n’ y a pas de temps à perdre pour entamer des actions de prévention, le premier axe du Plan cancer, pour réduire les incidences de certains cancers, comme le colorectal qui vient en deuxième position après le poumon chez l’homme. «La France a pris dix années pour réduire l’incidence de ce cancer en lançant des campagnes de sensibilisation pour changer les habitudes alimentaires et 25 ans pour réduire la mortalité», a-t-il souligné. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a insisté sur l’«importance de ce réseau qui permettra de planifier les stratégies adéquates afin de lutter contre le cancer et répondre aux besoins de la population». Il a estimé que «les structures hospitalières sont aujourd’hui dotées de tous les moyens logistiques et l’ensemble des centres anticancer seront informatisés d’ici le mois de juin prochain. Ce qui améliorera la collecte d’informations et renforcera ces réseaux de registres de cancer de moyens informatiques».
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