dimanche 2 août 2015

Le grand spleen des cadres

Depuis le mois de mai, des changements sont opérés au pas de charge au sein de l’Exécutif, à la tête des grandes entreprises, dans le corps des walis et des services de sécurité. Ces mouvements produiront-ils «du» changement ? Rien n’est moins sûr quand on connaît le sort réservé à nos cadres dirigeants.
Il y a un autre problème crucial, celui des cadres. Des pratiques destructrices sévissent en Algérie. J’ignore si elles ont cours ailleurs. Peut-être… Il s’agit de remerciements de cadres compétents et de travailleurs, auxquels procède systématiquement tout nouveau ministre. Il faut protéger ces forces vives de la nation ! » martelait le défunt président Mohamed Boudiaf dans son ultime discours prononcé à Annaba en ce fatidique 29 juin 1992. Dans la foulée, il faisait cette annonce : «Dans ce but, nous allons promulguer une loi qui protégera et rassurera les cadres afin qu’ils travaillent pour l’intérêt général.

De sorte que le ministre, ou n’importe quel autre responsable, ne pourra plus limoger tel cadre parce qu’il n’est pas de son bled, tel autre parce qu’il ne lui convient pas, et tel autre parce qu’il ne marche pas avec lui. Ces pratiques sont irresponsables. La question des cadres figure parmi nos priorités, qui sont le logement, la jeunesse et aussi la formation. La stabilité des cadres constitue donc une priorité. Il faut donner un socle à ce pays. J’ai lu une étude sur le système français qui montrait que ce sont les commis de l’Etat qui détiennent les dossiers.

Le gouvernement peut procéder à des changements, mais l’intérêt général n’est pas perdu de vue. Il faut donc protéger les cadres et les jeunes qui ont un rôle essentiel dans la société.» On connaît la suite. Le président Boudiaf n’aura pas eu le temps de promulguer cette loi destinée à protéger les cadres, ses assassins en avaient décidé autrement. Il n’est pas certain que la situation de nos cadres, si bien décrite par Si Tayeb El-Watani, ait sensiblement changé depuis. C’est dire combien il est difficile d’être commis de l’Etat en Algérie tant, par un glissement dangereux, l’Etat se confond avec «le pouvoir».

«Des» changements mais pas «de» changement

Le 24 mai 2015, une dépêche APS annonçait des changements dans le top management d’un certain nombre d’entreprises et d’établissements financiers (Sonatrach, Air Algérie, Douanes, BNA, CNEP, etc.). Dix jours auparavant, Bouteflika procédait à un remaniement ministériel qui a vu débarqués certains ministres une année à peine après leur nomination.

Le 22 juillet, à l’issue d’un Conseil des ministres, un important mouvement est opéré dans le corps des walis, suivi par un mini-remaniement ministériel qui, à la surprise générale, a sacrifié un fidèle parmi les fidèles : Amara Benyounès. Deux jours plus tard, un véritable séisme frappe les services de sécurité : pas moins de trois généraux sont limogés (Sécurité présidentielle, Garde républicaine, Direction de la sécurité intérieure du DRS). Cela nous fait bien «des» changements en quelques mois. Mais cela apportera-t-il «du» changement ? Rien n’est moins sûr pour qui connaît un tant soit peu les «mœurs» du système.

Au-delà de ce charivari, c’est toute la situation de la «technostructure» qui pose question. C’est un classique : les relations entre «savoir» et «pouvoir» ont toujours été problématiques. Et à regarder la condition de ceux que l’on désigne sous le générique de «cadres», c’est-à-dire, et pour aller vite, un niveau de compétence couplé à un niveau de responsabilité dans les rouages de l’Etat, il ne fait aucun doute qu’il y a un véritable malaise qui touche nos «mas’ouline», dans quelque secteur qu’ils se trouvent. Pressions, ingérences, limogeages arbitraires, manque d’autonomie, manque de reconnaissance, mise au placard à la moindre velléité de fronde, plan de carrière n’obéissant à aucun critère objectif, la liste des préjudices est longue.

Ceci, sans parler de la souffrance morale de ces milliers de compétences obligées de cautionner des politiques hasardeuses pour pouvoir  garder leur poste sous peine de bannissement à vie. Si l’obligation de réserve contraint nos commis de l’Etat au silence, tenus qu’ils sont, au-delà de la discipline et de l’esprit de corps qu’impose leur fonction, à une forme d’omerta imposée par le «système», on ne compte pas tous ceux qui en «off», dans l’intimité des cercles privés, laissent transpirer leur spleen, voire leur exaspération.

Certains frôlent même la dépression, en assistant, impuissants, à la déliquescence de l’Etat, la mauvaise gouvernance érigée en système, l’état de délabrement du service public, du bien public, de la chose publique, sans parler de la dilapidation à outrance de l’argent public, par la gabegie, la prévarication et une corruption qui a atteint des proportions «industrielles». Les plus intègres sont profondément mortifiés, oui, par l’état de santé économique, politique et moral de notre pays plus d’un demi-siècle après l’indépendance, habités qu’ils sont par un immense et irrépressible sentiment de gâchis.

Un ressenti que résume l’expression que de fois entendue dans la bouche de moult «responsables» que nous avons approchés : «Ma khallawnache nekhedmou !» On ne nous laisse pas travailler. Et cela donne des autoroutes mal faites, une université qui ne sait plus où donner de la tête, des trottoirs hideux, un urbanisme laid, un secteur industriel moribond, une agriculture en jachère ou encore une industrie culturelle au point mort.

La «mystique du développement»

Mohamed Benguerna, sociologue des organisations et directeur de recherche au Créad qui a consacré de nombreuses études à la formation et aux trajectoires professionnelles des cadres techniques, souligne un paradoxe saisissant en parlant de la condition de nos technocrates : «Dans le discours officiel, depuis les différents documents de la guerre de Libération jusqu’à aujourd’hui, vous trouverez que le cadre a toujours occupé une place très importante. C’est le pivot du développement.

Et c’est ça qui crée une «illusion» chez le cadre algérien car, dans la réalité, il voit bien qu’il n’a pas la place qu’on lui confère dans le discours politique et idéologique» (voir entretien). Mohamed Benguerna rappelle que bien avant l’indépendance, le FLN avait planifié la formation des cadres qui allaient prendre en main le destin du pays. Sous le GPRA, beaucoup ont été envoyés se former dans différentes universités, notamment des pays de l’Est, en prévision de ce grand dessein.

«A leur retour, ces nouveaux diplômés se sentent redevables vis-à-vis de leur pays ; ils ont désormais une dette morale. Cela sera un des motifs de leur implication forte dans les premiers plans de développement. Ils vont accepter avec une grande fierté des postes de responsabilité très importants et servir de caution technique aux politiques révolutionnaires. Nous sommes en présence des djounoud du développement», écrit Mohamed Benguerna (in Cadres techniques et société en Algérie, Cahiers du GDR Cadres, n°8, novembre 2004).

Le sociologue parle même de «mystique du développement», sauf que cela va tourner à un asservissement de la «technostructure» par le pouvoir politique. «Les responsables politiques diffusent la thèse selon laquelle ‘le développement’ ce sont les cadres’. Les cadres intègrent bien cet appel et ils adhèrent pleinement à cette mystique du développement. En réalité, sous l’alibi technique, les cadres cautionnent des projets technologiques et industriels dont les dimensions politiques leur échappent totalement. La figure du cadre exécutant prend place.»  Le fait est que le régime a toujours voulu disposer d’un appareil technico-administratif qui fasse «tourner la machine» sans faire de vagues.

A tout prendre, et l’expérience le prouve, les tenants du pouvoir préfèrent s’accommoder d’un personnel docile, fût-il notoirement incompétent, plutôt que de «s’encombrer» de cadres trop sourcilleux sur les méthodes. Et gare à ceux qui s’aviseraient de porter les errements de la haute gouvernance sur la place publique. Il suffit, pour s’en convaincre, de méditer le sort qui a été réservé à notre ami Benyoucef Mellouk, ancien chef de service chargé des affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice, et qui subit un véritable calvaire depuis plus de vingt ans pour avoir fait éclater l’affaire des magistrats faussaires au début des années 1990.

Plus de 120 000 cadres marginalisés

Mohamed Benguerna évoque une enquête diligentée en haut lieu, en 1992, pour recenser les cadres marginalisés. Même s’ils datent, ces chiffres annoncent la tendance tant ils sont révélateurs de «l’hécatombe» qui est celle des cadres sacrifiés. «Ce recensement a permis de signaler un nombre de 80 000 cadres marginalisés durant la période qui s’échelonne de 1980 à 1992» note le sociologue (in Cadres techniques et société en Algérie).

Mohamed Benguerna indique que cette marginalisation des cadres «recouvrait quatre cas de figure : les cadres mis en retraite anticipée, les cadres mis en congé spécial, les cadres qui ont été remerciés, et les cadres encore en poste mais non ‘utilisés’». Le sociologue poursuit : «Il faudra noter que cette population de cadres marginalisés est souvent plus importante, si on y ajoute les diplômés universitaires qui exercent une fonction sans aucun rapport avec le niveau et la qualité de leur formation.»

M. Benguerna nous apprend également que «les départs en retraite anticipée touchent une population de cadres dont la moyenne d’âge se situe autour de la cinquantaine. Tout récemment, certains journaux ont avancé le chiffre de 120 000 cadres marginalisés». Dans la foulée de ce recensement, un forum national des cadres marginalisés a été organisé les 1er et 2 juillet 1993. Il a réuni «500 délégués venus de l’ensemble du territoire national» indique M. Benguerna.

Loin de stopper l’hémorragie, il sera paradoxalement suivi, quelques années plus tard, de cette gigantesque opération de chasse aux sorcières, sous le gouvernement Ouyahia, au nom d’une opération dite «mains propres». Les chiffres les moins alarmistes parlent de plus de 2000 cadres injustement incarcérés. Même après leur acquittement, la grande majorité de ces gestionnaires ne s’en relèveront jamais et seront brisés à vie. Aujourd’hui encore, la dépénalisation de l’acte de gestion continue de faire débat.

Suite au Conseil des ministres du 22 juillet dernier, de nouvelles dispositions sont venues «sécuriser» l’acte de gestion. Désormais, «l’action publique n’est engagée que sur plainte des organes sociaux concernés (conseil d’administration, assemblée générale…)», rassurait le communiqué de la présidence de la République. Cela suffit-il pour redonner confiance aux managers de nos entreprises publiques et à libérer les initiatives ? C’est loin d’être acquis.

Et les derniers procès qui ont marqué l’actualité judiciaire (autoroute Est-Ouest, Sonatrach 1, affaire Khalifa Bank) viennent, si besoin est, confirmer une longue tradition managériale, à savoir que ce sont toujours les «seconds couteaux» qui paient, et que les vrais ordonnateurs et les gros poissons ne sont jamais inquiétés. Maître Khaled Bourayou résumait parfaitement cette fragilité du cadre comme victime expiatoire, comme «fusible», en déclarant à propos du procès Khalifa : «Les faits pour lesquels il (Abdelmoumen Khalifa, ndlr) est poursuivi sont liés à notre système. Un système où celui qui exécute ne décide pas et celui qui décide ne gère pas et où le cadre accepte d’exécuter et d’être exécuté pour sauver le système», (interview à TSA, 10 mai 2015).

Pas d’ascension sans allégeance

Témoignage hautement édifiant, celui du sociologue-urbaniste Rachid Sidi Boumedine. Dans ses mémoires intitulés : Yaouled, parcours d’un indigène  (édition APIC, 2013), Rachid Sidi-Boumedine livre avec truculence la crème de sa longue expérience, depuis qu’il était responsable au sein de la section universitaire de la Fédération de France du FLN dans la région de Grenoble, jusqu’aux années où il eut à occuper différentes fonctions dans un secteur qu’il connaît bien, celui de l’urbanisme, dont le poste de directeur de l’Institut national d’études et de recherches en bâtiment (Inerba).

Levant le voile sur les pratiques du «système» dans la gestion de la chose publique et la gestion des carrières par la rente et les réseaux clientélistes, il écrit : «Tant de textes ont été écrits, dont certains par moi, sur l’Etat néopatrimonial, plus souvent appelé clientéliste, en Algérie (…) J’ai écrit que les groupes qui dominent et s’approprient l’Etat et le gèrent comme un bien personnel — ce qui définit justement ce type de système politique — fonctionnent en réseau qui traversent l’appareil formel, et en contrôlent, en fonction de leurs intérêts, les rouages majeurs. L’essentiel réside dans le contrôle des modes de formation de la rente — à vrai dire de toutes les formes de rente — de les capter et de les redistribuer. Ils tiennent leur force de leur mainmise, à travers leurs membres, sur des positions stratégiques, et aussi, progressivement, sur des secteurs de l’économie.

Ils perdurent grâce à tous ceux qui leur font allégeance, et qui sont nourris par leurs dirigeants centraux, et se nourrissent aussi, selon leur niveau, de la part de rente qui leur est autorisée. A l’inverse, quiconque veut espérer une ascension dans les hiérarchies, formelles ou réelles, mais qui ouvrent surtout sur des captations de parts de rente, doit manifester cette allégeance personnalisée. L’appartenance à la même famille qu’un haut responsable, ou à sa tribu, à sa région, peut être facteur de cette allégeance, mais il est d’autres chemins pour l’adhésion et l’ascension.»

Rachid Sidi Boumedine raconte comment les marques d’allégeance s’expriment jusque dans les signes vestimentaires : «Au début des années 1980, l’encartement et l’appartenance au parti commençaient à remplacer l’engagement ou la compétence dans l’ascenseur social. (…) De l’autre côté, des cadres sont devenus tout à la fois membres de ‘kasma’ (les cellules locales) de quartiers chics, de coopératives immobilières pour — faire — construire leur villa, et dirigeants dans l’appareil administratif.

Leur appartenance et leur allégeance se manifestaient jusque dans les apparences par la ‘saharienne’, tenue de rigueur et uniforme significative durant l’été, et par le long manteau bleu l’hiver.» «Pour les autres, la marginalisation éventuelle, du moins pour ceux dont l’allégeance n’était pas assez visible, prenait des figures graduées, depuis la mise à l’écart simple, jusqu’au passage par la case ‘prison’ pour les plus récalcitrants ou politiquement marqués à gauche. Combien de responsables ont été démis de leurs fonctions alors qu’ils se trouvaient en congé annuel, ou, pire, en congé de maladie ?»

«Ces postes ‘‘dangereux’’ sont courus malgré tout»

Dans la dernière partie du livre intitulé : Résistant ou survivant ? , on peut trouver un sous-chapitre consacré explicitement à la situation des cadres sous le titre : «L’Etat et ses cadres, l’Etat des cadres». Dressant un comparatif entre la position du cadre technique et celle du chercheur universitaire, le sociologue urbaniste confie : «Je ne sais toujours pas comment expliquer notre situation et notre position : d’une part, par notre formation, nous n’avons pas d’autre employeur possible que l’Etat, ce qui est une contrainte définitive, et d’autre part, il y a des différences considérables entre la situation de l’universitaire, enseignant et chercheur, et celle du haut cadre technique.»

«Aux yeux de l’opinion, le cadre dirigeant a une meilleure place, un plus grand prestige, et des avantages salariaux et en nature, sans comparaison avec les revenus de l’enseignant universitaire. Ceci est vrai, du moins jusqu’en 2012 où une vaste opération de ‘revalorisation’ avec rappels a été entreprise. Cependant, ce que l’on sait rarement, c’est qu’il n’est le plus souvent qu’un exécutant, qu’il n’a aucune marge de manœuvre dans l’exécution des instructions qu’il reçoit, au risque d’être vertement réprimandé publiquement ou de perdre son poste.»

Et de poursuivre : «Il faut noter que si de grandes variations existent d’un responsable à l’autre, ou d’un secteur à l’autre, selon la personnalité et le parcours du dirigeant, dans les échelles de la politesse, de la grossièreté ou de la goinfrerie, le principe général est le même.» Rachid Sidi Boumedine fait remarquer qu’en dépit de toutes les avanies infligées à nos hauts fonctionnaires et autres cadres dirigeants, «ces postes ‘dangereux’ sont courus malgré tout, dans la mesure où ils permettent au titulaire de servir à son tour les siens, et donc d’obtenir à son tour des services de la part de ses homologues.

Même dans le cas où un pareil cadre n’est pas corrompu, au sens strict du mot, cette ‘économie du troc’ permet de vivre largement au-dessus des moyens que permet, en théorie, le poste. Mais il faut accepter le rôle de ‘fusible’. Certains y échappent, d’autres paient, pour l’exemple et pour l’opinion, le prix de la durabilité du système. Quant aux titulaires de postes dépourvus de la possibilité de distribuer des rentes, quelle que soit leur nature, ils ne sont que des fonctionnaires qui font tourner la machine. Enfin, ceux qui visiblement sont indociles, qui ne jouent pas le jeu, sont rapidement mis en marge quelles que soient leurs compétences».

«Ma faute ? J’avais réussi !»

L’auteur ne manque pas de signaler un autre rituel ô combien récurrent dans le répertoire des humiliations faites à nos cadres : la manière si peu élégante dont ils sont «remerciés». «Ce qui est remarquable, c’est cette persistance dans le temps des mêmes procédés. Je les ai vécus trois fois : on vous installe cérémonieusement, publiquement, sous les projecteurs, les félicitations et les vivats, et on vous évacue discrètement, par une trappe cachée, dans l’obscurité.» «La seule différence repérable dans l’évolution des modalités d’éviction depuis les années 1980 réside dans ce fait qu’on est passé de ce qu’on appelait un ‘sale coup’ arrivé à un individu, victime d’un ministre, à celle de ‘mode de fonctionnement’ du système. Même cette dernière remarque est ‘murmurée’ de nos jours, prouvant que la peur d’être entendu est toujours là, même si son auteur est un retraité.

On ne sait jamais !» Même fort de son «bagage», de ses compétences, il faut croire qu’un cadre intègre, sous nos latitudes, a toujours besoin d’une protection, d’un «parrain» pour durer. M. Sidi Boumedine raconte comment il était «invité à choisir entre deux responsables : le ministre et le vice-ministre». «Tu es avec X ou avec Y. Tu dois te déterminer sinon…» l’accule-t-on. «J’ai répondu orgueilleusement : je suis ici par mon travail et non par ‘piston’, et je n’ai pas à prêter allégeance à l’un ou à l’autre. J’avais utilisé des termes brutaux devant cet ami.

Je ne suis au service de personne. La réponse était claire : ‘Alors, tant pis pour toi, tu seras viré !’ Ce qui fut fait un an après avec l’avertissement suivant : ‘On va te demander de rejoindre un poste (plus) élevé et tu diras oui, sinon il t’arrivera la même chose qu’à X (passé par la case prison pour le casser moralement).’ Il peut parfois sembler paradoxal que la sanction consiste à promouvoir quelqu’un, mais en Algérie, c’est un classique, car le poste quitté devait permettre, ou permettait, de faire ce que le poste plus élevé ne permettait pas.

Ce n’est donc pas une question de position formelle dans les organigrammes, mais d’influence, à défaut de pouvoir, que permettent l’un ou l’autre poste.» Et de lancer : «Or, quelle influence peut avoir un institut de recherche ? Aucune, en principe. Et quelle avait été ma faute ? Aucune, en apparence. J’avais réussi à faire prospérer l’institut, tant en termes de travaux réussis que d’équilibre financier, le budget étant largement excédentaire pour l’exercice, comme le voulaient les pouvoirs publics. (…) Où est donc l’erreur ? Justement là. J’avais réussi !»
 

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