jeudi 2 juin 2016

Qui veut saborder l’examen du baccalauréat ?

Des enseignants affirment avoir reçu des copies de ces documents et elles étaient conformes aux sujets distribués ensuite dans les salles d’examens. Une fuite des sujets du baccalauréat a été dénoncée, hier, dans plusieurs établissements. Les sujets diffusés concernent les épreuves de langue anglaise, de sciences naturelles et d’histoire-géographie, de la filière scientifique. C’est ce que révèlent les premiers constats des associations de parents d’élèves, mais aussi des enseignants et des élèves eux-mêmes. La fuite des sujet a été «noyée» dans la distribution de faux documents, avant-hier, pour les épreuves d’anglais, de sciences et de français, mais le phénomène était massif quelques heures avant l’épreuve d’histoire-géographie. Les documents étaient distribués directement devant les établissements de plusieurs communes d’Alger. Les questions ont été en outre partagées via les réseaux sociaux vers 5h. Des enseignants affirment avoir reçu des copies de ces documents et elles étaient conformes aux sujets distribués ensuite dans les salles d’examen. L’Association nationale des parents d’élèves, après vérification des informations parvenues des différents représentants dans la nuit de mardi, est catégorique : «La fuite concerne plusieurs sujets et les échos vérifiés font part d’un phénomène ayant touché les wilayas d’Alger, Béjaïa, Tébessa, Ghardaïa et Khenchela. «C’est une catastrophe», répète Khaled Ahmed, qui révèle qu’une réunion se tiendra demain avec la ministre de l’Education nationale pour évaluer l’ampleur des dégâts et décider des mesures à prendre. Le ministère de l’Education a décidé, hier, d’ouvrir une enquête. «Suite à des informations relayées sur les réseaux sociaux faisant état d’une éventuelle fuite de sujets du baccalauréat, le ministère de l’Education nationale tient à rassurer les candidats et l’opinion publique quant au déroulement de l’examen dans des conditions normales», indique un communiqué du ministère. Et de préciser : «En cas de confirmation d’une quelconque atteinte à la crédibilité de cet examen, le ministère engagera, de concert avec les autorités compétentes, les investigations nécessaires pour identifier et poursuivre les personnes impliquées.» Le ministère se dit, par ailleurs, «engagé à garantir aux candidats leur droit à l’égalité des chances» en leur souhaitant «la réussite pour la suite des épreuves». Le communiqué ajoute que «l’opinion publique sera informée le jeudi 2 juin, juste après la fin des épreuves, d’une première évaluation du baccalauréat 2016 par la tutelle et les partenaires sociaux». Syndicats de l’éducation : «c’est de la haute trahison !» Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement du secondaire et technique (Snapest), estime que cette fuite organisée prouve qu’il y a une faille dans le dispositif du bac organisé par l’Onec et qui a été exploitée contre la ministre de l’Education. Pour ce syndicaliste, «les auteurs de cette fuite visent certainement à torpiller les réformes». C’est un règlement de compte contre la démarche de réforme menée par la ministre, «mais de là à utiliser des candidats au baccalauréat, cela dépasse toutes les prévisions». M. Meriane souligne que «cette fuite rappelle l’épisode du bac 1992 qui a coûté son poste à M. Benmohamed, alors ministre de l’Education nationale».  M. Amraoui, chargé de communication à l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef) pense que «c’est le résultat de la lutte des clans qui s’exprime à travers le sabotage de cet examen. Cela dépasse largement le conflit sur les réformes. Nous ne soutenons pas toutes les propositions de la ministre, mais nous pensons que les auteurs de cette fuite ne ciblent pas la ministre uniquement, mais toutes les institutions la crédibilité de l’Etat algérien. C’est de la haute trahison». L’Unpef demande des mesures pour ne pas piétiner le principe d’égalité des chances. «Il faut que les personnes impliquées soient sanctionnées sévèrement», plaide M. Amraoui. Et d’ajouter : «Je ne pense pas que ce soit l’œuvre d’un fonctionnaire du secteur de l’Education.» «Un complot contre Nouria Benghebrit» Pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), la fuite orchestrée des sujets «est un autre complot contre la ministre de l’Education nationale qui, nous pensons, n’a aucun intérêt à une fuite d’un sujet de l’examen, comme le prétendent certains. Elle a fait un travail titanesque pour remettre le secteur sur la bonne voie, mais cela est difficile dans un environnement hostile et agressif miné par des bras cassés et des médiocres», soutient Boualem Amoura, secrétaire général de ce syndicat, qui appelle, dans un communiqué, les structures de l’Etat à  agir : «Les services de sécurité et de répression de la criminalité cybernétique doivent aussi sévir et mettre tous les moyens pour contrecarrer ces fuites.» Le Conseil national des personnels enseignants du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), soutient, à travers une déclaration de son secrétaire national chargé de la communication, Messaoud Boudiba, que «ces fuites nous incitent à nous poser des questions sur les signes de défaillances du dispositif de l’ONEC, maintenu même après les premières informations faisant état de fuites et autres formes de fraude». Pour le Cnapeste, «les dispositions antifraude n’étaient suffisantes. L’ONEC n’avait même pas de sujet de secours et les premiers signes de fuite n’ont pas été pris en considération», ajoute M. Boudiba, qui appelle à une enquête au plus haut niveau.  

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