Fin de mission pour Amar Saadani, qui a pris les rênes du FLN le 29 août 2013, et c’est l’ancien ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui le remplace. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani, fait désormais partie de l’«histoire» dans le sens du passé. Pas celle qui élève, grave et inscrit les réalisations d’un homme, mais celle de l’intrigue et de la démesure. Amar Saadani part de la même manière qu’il avait pris les rênes de l’ex-parti unique, un certain 29 août 2013. Sur un coup de fil et à la barbe de ses nombreux détracteurs. Au grand dam des statuts et des lois qui régissent le FLN. C’est la salle de conférences de l’hôtel El Aurassi qui l’a vu venir, malgré une décision défavorable de la justice, qui le voit finalement déguerpir sans coup férir, sur ordre de la Présidence. On ne désobéit pas au prince. Nul, au comité central, n’avait demandé son départ ; certains l’on même pleuré. Beaucoup de ceux qui l’ont applaudi lorsqu’il a vilipendé, lors de sa dernière sortie médiatique, son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem, et l’ancien patron des Services de renseignement, le général à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik, ont écrasé quelques larmes mais ont vite acquiescé le nom du nouveau venu, Djamel Ould Abbès, sénateur désigné dans le tiers présidentiel, depuis qu’il a cessé d’être ministre de la Santé. Ce natif de Tlemcen, âgé de 82 ans, était, en fait, «en réserve de la République». Connu pour sa proximité avec le cercle présidentiel et très proche de la famille du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, Ould Abbès ne vient pas pour assurer une transition et revenir au moins à un semblant de légalité. Il sera là jusqu’en 2020, c’est-à-dire au-delà des élections législatives prévues au printemps prochain et de l’élection présidentielle de 2019. Celui-là même qui a confié les rênes du FLN à Amar Saadani a jugé que la mission de ce dernier est terminée et a décidé de le remplacer par l’ancien ministre de la Santé, pour une autre mission. Chez l’ex-parti unique, les choses ont toujours fonctionné de cette manière-là. Les marionnettistes l’ont tout le temps façonné et adapté à leurs ambitions de pouvoir. Au diable les lois et les règlements qui régissent la pratique politique en son sein. Les responsables qui ont tenté par le passé de l’émanciper des sphères du pouvoir l’ont chèrement payé. Le défunt Abdelhamid Mehri avait subi, en 1996, ce qu’on appela alors «un coup d’Etat scientifique» mené par deux membres missionnés par le pouvoir de l’ombre, en l’occurrence Abderrahmane Belayat et Abdelkader Hadjar. En automne 2003, c’est au tour de Ali Benflis de faire l’objet d’un véritable putsch diligenté par la Présidence pour avoir osé défier le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, en présentant, contre lui, sa candidature à l’élection présidentielle de 2004 en tant que secrétaire général du FLN. En réalité, ce dernier n’a jamais été un véritable parti politique, mais un appareil et une arène où se disputent âprement et souvent violemment les appétits et des ambitions de pouvoir. Le départ précipité mais quelque part programmé du plus controversé secrétaire général du FLN et son remplacement par un autre fidèle du cercle régnant participe de cette logique. Son successeur désigné est appelé à rappeler à la maison les vieux loups du parti. Ceux qui sont capables de faire du tort à l’occasion des prochaines élections législatives. Ould Abbès a lancé un signal aux petites ambitions pour récupérer les dissidents du parti qui «restent fidèles au président Bouteflika et à son programme». Ceux qui aspirent à plus ne sont pas les bienvenus. Amar Saadani a déjà pris le temps de les désigner à la vindicte des militants. Et ce n’est sûrement pas par hasard qu’il a chargé dernièrement son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem.
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