samedi 2 juillet 2016

Amnesty dénonce des «charges politiques»

Suite «aux restrictions croissantes envers les médias et journalistes indépendants», l’ONG Amnesty International (AI) a rendu public hier un communiqué dans lequel elle appelle les «autorités algériennes à respecter, protéger et promouvoir la liberté des médias». Concernant le cas de détention dont font l’objet Mehdi Benaïssa, directeur de la chaîne KBC, Ryad Hartouf, responsable de production dans cette chaîne, et Nora Nedjaï déléguée au ministère de la Culture, l’ONG internationale considère «que les charges retenues à leur encontre sont motivées par des raisons politiques» et «demande leur libération immédiate et inconditionnelle». AI souligne qu’une autre chaîne a utilisé les studios mis sous scellés sans faire face à des difficultés. L’ONG dit craindre que «KBC soit punie pour sa ligne éditoriale». AI rappelle en outre que si la loi relative à l’activité audiovisuelle de février 2014 stipule que les chaînes privées doivent obtenir une autorisation délivrée par l’Autorité de régulation avant de pouvoir commencer à diffuser, elle «ne précise toutefois pas le délai dans lequel les autorités doivent répondre aux demandes d’autorisation, et elle ne permet pas de contester ce délai devant une autorité judiciaire, ce qui expose les chaînes au risque de censure par le biais de délais raisonnables». AI estime que «les autorisations de diffuser s’avèrent difficiles à obtenir dans la pratique. En  conséquence, la grande majorité des chaînes privées demeurent sans statut juridique. Elles ont été jusqu’à présent largement tolérées par le gouvernement, qui exerce une répression sélective contre les chaînes qui diffusent des propos critiques à l’égard des autorités». AI cite les cas d’Al Atlas TV et d’El Watan TV fermées pour la première pour motif de «couverture de manifestations critiques en rapport avec l’élection présidentielle», et pour la deuxième pour «la diffusion illégale et contenus subversifs portant atteinte aux symboles de l’Etat». Amnesty estime par ailleurs au sujet des atteintes aux droits de la presse écrite, en citant notamment le gel du rachat d’El Khabar par Issad Rebrab,  que le code de l’information «est excessivement restrictif, et en pratique ne fait que consolider le contrôle de l’Etat sur les médias à travers un régime serré d’autorisations et de régulations sur les propriétaires de publications». Ceci, et d’appeler une nouvelle fois les autorités algériennes à «harmoniser la législation nationale, dont le code de l’information, avec la nouvelle Constitution et ses garanties pour la liberté d’expression — et en particulier l’article 41 (3) qui garantit la liberté des médias sans censure préalable».  

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