Encore une année à comptabiliser sur le triste registre de l’état des droits de l’homme en Algérie. Elle s’achève tristement avec la mort en détention du journaliste Mohamed Tamalt, qui restera comme une tache indélébile dans les annales du régime politique foncièrement hostile à l’émancipation citoyenne. Dans les textes comme dans les pratiques. Des militants politiques, associatifs, syndicalistes et des citoyens sont harcelés, poursuivis et condamnés pour des délits d’opinion. A Ghardaïa qui a été pendant ces quatre dernières années le théâtre de violences inouïes, Kamel Eddine Fekhar et ses camarades croupissent en prison pour la deuxième année sans jugement. Dix-sept mois sans procès. L’état de santé de certains d’entre eux s’est sérieusement dégradé. En attente infinie de d’un jugement, leur avocat Salah Debouz à son tour est placé sous contrôle judiciaire. Toujours dans la même région, le secrétaire national à l’environnement du parti du RCD, Nacereddine Hadjadj (Berriane) est également en prison depuis un an et demi sans procès. Ils finiront l’année derrière les barreaux. Les défenseurs de droits de l’homme dénoncent des arrestations ciblées sur la base d’opinions politiques. Et pour mieux punir la vallée du M’zab pour avoir défié le pouvoir central, affronté les salafistes et dénoncé une connexion des mafias locales, l’appareil judiciaire s’est acharné encore. Cinq militants du FFS, dont un membre de la direction nationale du parti, Hamou Mesbah, sont placés ce mois-ci sous contrôle judiciaire pour «tentative de renverser le régime». Rien que ça ! Les atteintes aux droits de l’homme se sont élargies pour cibler la liberté de conscience devenue visiblement un délit. Le cas des deux citoyens, Slimane Bouhafs de Sétif et Rachid Fodil de M’sila, sont à ce titre édifiants. Le premier, de confession chrétienne, est condamné à trois ans de prison ferme pour «atteinte à l’islam et au Prophète». Le second est condamné à cinq ans de prison ferme pour «offense au Prophète et atteinte aux préceptes de l’islam». 2016 a été également une très mauvaise année pour les migrants subsahariens vivant en Algérie. Victimes de plusieurs agressions par des groupes d’individus dans différents endroits du pays, les migrants ont connu une année de persécutions. Le traitement qui leur est infligé à la fois par les autorités publiques et par des citoyens révèle une crise éthique et morale. Dans une lettre au vitriol adressée au Premier ministre pour protester contre le refus injustifié du ministère de l’Intérieur d’agréer l’association AFUD, le docteur Saïd Sadi résume 2016 : «L’année qui se termine est plus calamiteuse que celle qui l’a précédée.» Pour le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Noureddine Benissad, les droits ont été mis «sous état d’urgence».
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