jeudi 29 décembre 2016

Panama Papers, une bombe au cœur même du système

L’année 2016 a été marquée par l’affaire des paradis fiscaux révélée par le consortium international des journalistes d’investigation qui avait travaillé sur 11,5 millions de documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca au centre du scandale de «Panama papers». Parmi les 214 000 fichiers mis en ligne par ce consortium figuraient une vingtaine de ressortissants algériens détenteurs de sociétés offshore domiciliées au Panama et des comptes bancaires dans plusieurs paradis fiscaux, comme les îles Vierges britanniques, le Panama ou le Luxembourg. D’abord, l’actuel ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb, qui détient une société établie au Panama, Royal Arrival Corp, créée en avril 2015 à travers les services de la société de domiciliation d’entreprises offshore, Mossack Fonseca. Le consortium nous apprend que dans un courriel adressé le 6 avril 2015 au bureau luxembourgeois de Mossack Fonseca, le Français Guy Feite, fondé de pouvoir de Royal Arrival Corp, confirmait que le bénéficiaire effectif de la société était bien le ministre en fonction, Abdessalem Bouchouareb, «une personnalité politiquement exposée», et ce, depuis avril 2014. Dans cette première liste d’Algériens figurent également le fils de Yazid Zerhouni, l’ex-ministre de l’Intérieur, ainsi que celui du défunt président Chadli Bendjedid, mais aussi de nombreux hommes d’affaires connus, comme les trois frères Boudjab, Ammar Abdennour et Samir Boudiab propriétaires de la société offshore International Trading Capital Corp enregistrée aux îles Vierges britanniques et basée à Monaco, mais aussi moins connus, à l’image de Mohand Oulhadj Touazi, un importateur de Béjaïa, de Haddana, Toufayel Wahib, de Oued Souf, qui a enregistré une société offshore en août 2004, Alpha Bright Entreprise Limited, aux îles Samoa, de Haddana Tarek, également de Oued Souf, actionnaire dans cette même société offshore. D’autres noms ont été cités par le consortium de journalistes, à l’image de Tewfik Bendjedid, fils du défunt président Chadli Bendjedid, mais aussi de Amine Zerhouni, fils de l’ex-ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni, mais aussi de la Banque extérieure d’Algérie (BEA). Quelques semaines plus tard, une autre liste est publiée par le consortium de journalistes, où le nom de Rym Sellal, fille du Premier ministre Abdelmalek Sellal apparaît. Elle a sollicité le cabinet Mossack Fonseca pour créer une société offshore, la société Temapert Capital Holdings limited, le 26 octobre 2006, domiciliée aux îles Vierges britanniques et dans laquelle est également actionnaire Omar Habour, un des proches de Chakib Khelil, qui cédera toutes ses parts quatre mois après à Rym Sellal. D’autres personnalités, comme Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, son épouse Najat Arafat détiennent tous des sociétés offshore que le cabinet Fonseca a créées. En fait, l’affaire Panama Papers a fait l’effet d’une bombe au sein du sérail, mais elle n’a suscité aucune enquête, ni judiciaire ni parlementaire, alors que dans le monde entier les personnalités impliquées ont été poussées à la démission.

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