L’année 2016 a commencé par un adieu, celui d’une Algérie pleurant le départ de son dernier historique, Hocine Aït Ahmed. Le 1er janvier 2016, le leader politique, le combattant pour l’indépendance du pays et pour les libertés, a été accompagné à sa dernière demeure, dans son village natal à Ath Ahmed à Aïn El Hammam, par un million d’Algériens venant des quatre coins du pays. Jamais de mémoire d’Algériens un enterrement n’a vu une assistance aussi importante. Avant sa mort, Hocine Aït Ahmed avait exigé que son enterrement soit populaire, refusant tout honneur venant des tenants du système qu’il a toujours combattu. Comme il l’aura voulu, il eut droit à la plus formidable manifestation d’amour et de respect de son peuple qui lui est cher. L’homme était aimé et profondément respecté pour ses combats, sa droiture et sa non-compromission avec le pouvoir. Les funérailles furent nationales et populaires, attestant du dernier acte de résistance et de défiance lancé par Aït Ahmed aux décideurs. D’Alger à Aït Yahia, le voyage du convoi funèbre a été marqué par une présence massive des Algériens, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes et même des enfants étaient présents à chaque escale, dans chaque ville, chaque village. Spontanément et ne répondant à aucun appel sauf à celui du cœur, les Algériens ont tenu à faire des adieux à la hauteur de l’homme. Youyous, applaudissements, «Allah Akbar, Assa azeka Si L’Hocine yella yella» (aujourd’hui et demain Si L’Hocine demeurera), fusaient des foules assemblées sur tout le parcours du cortège funèbre. D’Alger à Ath Yahia, dans la matinée glaciale de ce 1er janvier 2016, les Algériens n’ont pas hésité à sortir accompagner, chacun à sa manière, le grand homme à sa dernière demeure. Même sur l’autoroute reliant les villes d’Alger, Boumerdès et Tizi Ouzou, les manifestations de peine et de respect n’ont pas manqué. Tel un cordon du cœur, une chaîne humaine s’est spontanément constituée, n’ayant pour seul mot d’ordre : «L’Algérie t’aime Si L’Hocine». La plus grande récompense pour un homme qui a voué sa vie pour son peuple et son pays. Qu’importent les lauriers vides du pouvoir quand on a l’amour de son peuple. Une chose que ceux qu’il a combattus toute sa vie durant ne pourront pas connaître. Les villages d’Ath Yahia et Ath Ahmed ont été ce jour-là couverts par une marée humaine. Le cortège funèbre avait du mal à se frayer un chemin tellement la foule était dense. Il voulait des funérailles populaires, et le peuple a répondu présent. Le peuple, dans ses différentes composantes sociales, culturelles, linguistiques, était là, présent, dans sa diversité, uni par son respect à Aït Ahmed. Rassembleur de son vivant, rassembleur à sa mort. L’Algérie telle qu’il l’aimait était là pour lui, l’Algérie avec ses couleurs, ses femmes et ses hommes, ses vieux et ses jeunes, ses berbérophones et ses arabophones, était là au rendez-vous du dernier voyage de l’historique qui se voulait simple combattant. Elle était bien là, sa belle Algérie rassemblée chez lui, dans le village qui l’a vu naître un 20 août 1926.
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