Le discours contraste avec celui d’avant les élections de 2014 lorsque, président de campagne de Bouteflika, il poussait les jeunes à dormir et à se marier grâce aux prêts de l’Ansej car l’Etat garantissait leur avenir. Réfutant obstinément le concept de l’austérité, le Premier ministre insiste toutefois, lors de son intervention télévisuelle de mercredi, sur la rationalisation des dépenses. Pas aussi souriant qu’à son habitude, Abdelmalek Sellal développe un argumentaire rodé, censé rassurer une opinion publique tétanisée par la loi de finances 2017 ratifiée quelques heures auparavant par le président de la République. En substance, le discours «officiel» soutenu pendant plus d’une heure devant les caméras de la Télévision nationale, décrète que l’Etat gère bien la crise malgré le choc financier dû à la chute des cours des hydrocarbures depuis 2014. Le Premier ministre, visiblement crispé, soutient que cette conjoncture mondiale a imposé un changement de modèle économique, sans donner plus de précisions sur ce nouveau modèle impulsé depuis le début du 4e mandat. Ce qui est sûr, pour Abdelmalek Sellal, c’est que les sacro-saints transferts sociaux, outils indispensables pour le maintien de la paix sociale, ne seront pas revus à la baisse. «Bien au contraire, leur budget représentera 23,7% du PIB en 2017 contre 23,1% en 2016», déclare-t-il, omettant de chiffrer les PIB en question et minimisant l’impact des augmentations des taxes incluses dans la nouvelle LF, dont la majoration de la TVA de 2 points et l’augmentation des prix des carburants. Comme si, à elles seules, ces deux valeurs n’allaient pas avoir une incidence directe sur le pouvoir d’achat. Encore mieux, dans son argumentaire censé être rassurant, M. Sellal propose aux entreprises privées de baisser les salaires de leurs employés, ce qui est aussi une atteinte sérieuse à la relance de la consommation, matrice de toute économie moderne. Mais rassurons-nous, l’Algérie, qui serait enfin sortie de la voie du développement vers celui de «l’émergence» a «pour la première fois une vision claire sur le plan financier jusqu’en 2019». Si en plus elle bénéficie de la «baraka des chouhada», alors la messe est dite. Finalement, le discours de mercredi ne contraste pas tant avec celui d’avant le 4e mandat : du Sellal comme on le connaît bien, la blague en moins.
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