Depuis hier, Abdelmalek Sellal n’est plus Premier ministre. Pourtant, il a été chargé, officieusement, de mener les consultations pour former le nouveau gouvernement. Depuis les dernières élections législatives, boycottées par l’écrasante majorité de l’électorat algérien, jusqu’à l’installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN), aucun responsable du gouvernement ne doutait du maintien du Premier ministre. Dans les travées du palais du Dr Saadane, on pensait que sa reconduction était pratiquement acquise. Lui-même gardait un tempérament de sérénité et d’assurance, même s’il savait que son destin n’était pas entre ses mains. Ceux qui président aux destinées du pays ont décidé de s’en séparer. Abdelmalek Sellal quitte le Premier ministère après s’y être installé en septembre 2012. S’il a réussi à battre les records de longévité dans ce poste, en y restant 5 ans, il n’a cependant pas pu s’illustrer dans la gestion des affaires du pays. L’opinion publique gardera de lui ses boutades, ses blagues et surtout ses boulettes et ses bourdes légendaires. Mais Sellal n’est pas que cela. C’est lui en tant que ministre de l’Intérieur, un poste auquel il a été nommé en 1998, qui a eu à gérer la consultation présidentielle d’avril 1999 qui a vu l’élection de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République, qu’il n’a pas quittée depuis. Nommé au Premier ministère en 2012, il a assuré l’organisation de l’élection présidentielle d’avril 2014, en faisant même la campagne électorale par procuration, le chef de l’Etat étant empêché de la faire suite à l’accident vasculaire cérébral (AVC), dont il a été victime. Abdelmalek Sellal avait mené une campagne électorale très difficile dans un climat de tension. Plusieurs de ses meetings ont été empêchés par la population dans diverses régions du pays. Après la reconduction de Abdelaziz Bouteflika, le désormais ex-Premier ministre a eu à gérer la délicate période post-électorale qui a vu l’éviction de l’ancien patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Mohamed Médiène dit «Toufik». Il a dû vivre un épisode aussi pesant que délicat à cette époque en essuyant de sévères critiques de la part de l’ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani, qui le qualifiait d’amateur en matière politique. Mais quoi qu’il lui arrivât, même dans une situation intenable dans le pays au plan politique et surtout économique, Abdelmalek Sellal n’a jamais perdu son sens de l’humour. Au point où beaucoup l’accusent de légèreté au moment où la situation recommande la retenue et la rigueur. Le Premier ministre, qui a organisé, dans son parcours, trois élections aussi contestées les unes que les autres, a évolué dans un système dont les responsabilités sont aussi diluées que complexes tant on ignore les détenteurs véritables de la décision politique. Abdelmalek Sellal a assumé jusqu’au bout les échecs d’une gouvernance qui a mené le pays dans le gouffre de la crise. Il en a assumé jusqu’au bout la dérive. Il était certainement prêt à continuer avec les mêmes choix qui n’étaient pas d’ailleurs que les siens, mais surtout de ceux qui ont préféré le statu quo et l’immobilisme. Serait-ce le record historique de l’abstention ayant caractérisé les dernières élections législatives et confirmé à jamais le rejet du régime par une écrasante majorité des Algériens qui a édicté la décision de remplacer Abdelmalek Sellal pour faire semblant de changer ? Nul n’a pu percer pour l’instant les secrets du cercle du pouvoir. Seulement, on peut dire que le Premier ministre laisse une situation qui ne prête guère à rire.
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