Un collectif d’intellectuels, d’historiens, de journalistes, d’anciens appelés de contingent et de membres du mouvement associatif ont affirmé hier que la vérité historique relative à l’assassinat de Maurice Audin doit enfin être connue, refusant de croire à la thèse officielle de l’évasion. «Nous pensons qu’à l’occasion de ce triste soixantième anniversaire, la vérité historique relative à cet assassinat doit enfin être connue. Le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : ‘‘De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire’’», ont précisé les signataires, dans une lettre ouverte au nouveau président français, Emmanuel Macron, dont l’APS a obtenu une copie. Parmi les signataires de cette lettre ouverte, les historiens Gilles Manceron, Benjamin Stora, Alain Ruscio et Raphaëlle Branche. «Nous pensons donc qu’à cette occasion, en recevant Josette Audin ou en vous exprimant lors des commémorations qui auront lieu à cette occasion, vous pourriez ainsi concrétiser cet engagement», ont-ils ajouté, rappelant que Maurice Audin, mathématicien, est mort durant sa détention en 1957 en Algérie. Dans la nuit du 11 au 12 juin 1957, Maurice Audin, membre du Parti communiste algérien, a été arrêté à Alger par une unité de parachutistes. Depuis, aucune indication n’a été donnée sur sa disparition. La version officielle, à laquelle personne n’accorde de crédit, évoque son «évasion». L’assassinat est intervenu en plein Bataille d’Alger, période durant laquelle l’armée coloniale, notamment la 10e Division des parachutistes commandée par le général Massu a pratiqué massivement la torture et les exécutions sommaires. On cite quelque 3000 Algériens disparus pendant cette période. Le 18 juin 2014, le président Hollande avait indiqué que les documents et les témoignages dont il disposait sont suffisamment nombreux et concordants pour infirmer la thèse de l’évasion qui avait été avancée à l’époque. En mars 2014, 171 personnalités ont signé un appel, publié par les quotidiens L’Humanité et Mediapart, dans lequel elles ont demandé qu’il soit enfin dit la vérité sur cette affaire, rappelle-t-on. Les signataires de la lettre ouverte à Emmanuel Macron, près d’une quarantaine, ont estimé que «60 ans après, il est temps que sa veuve, Josette Audin, à qui les pouvoirs politiques français successifs ont menti tout en entravant délibérément le travail de la justice, connaisse enfin la vérité». Lors d’une visite historique en France, en janvier 2016, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait évoqué le cas de Maurice Audin parmi le dossier des disparus de la Guerre de libération mis sur la table des négociations algéro-françaises sur les questions mémorielles. «Nous avons mis le train sur les rails et c’est sans arrière-pensée, sans tabou et sans complexe que nous allons étudier tous ces dossiers», avait-il affirmé, ajoutant que «le chemin est long et pénible et demande de la patience, mais les solutions existent et la volonté également».APS
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