dimanche 28 mai 2017

Entrepreneuriat féminin en Algérie : Opportunités et obstacles

Avec un taux d’occupation des femmes qui ne dépasse pas les 19% et un marché du travail instable, l’entrepreneuriat intervient comme un facteur de stabilité et de rentabilité, que ce soit pour les entrepreneurs ou pour l’Etat en quête de valeur ajoutée en cette période de crise. Dans le souci de soutenir le développement de l’entrepreneuriat des femmes en Algérie, le Bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) a exposé, jeudi dernier à l’hôtel Mercure à Alger, les résultats du projet lancé en mai 2015, intitulé «Woman For Growth» (Femmes pour la croissance). Ce projet, financé par le département d’Etat des Etats-Unis et qui s’étale sur une période de 20 mois, vise essentiellement à appuyer la création, la consolidation et le développement des entreprises créées par des femmes en Algérie ainsi qu’au Maroc. «Nous avons été très satisfaits des résultats de ce programme qui a touché près de 2000 femmes à travers les deux pays. Sur ce chiffre, 84,1% des participantes ont amélioré leurs compétences dans la gestion d’entreprises et 45,8% d’entre elles déclarent avoir augmenté leur chiffre d’affaires, dont 25% entre 20 et 60%», explique Mohamed Benyamina, coordinateur national du projet au Bureau de l’OIT à Alger pour les pays du Maghreb. Durant toute la période qu’a duré ce projet, des caravanes de sensibilisation et d’information au lancement d’entreprises et de programmes au profit des femmes ont été organisées. Il a été question également du renforcement de capacité à la formation au profit de 60 formateurs, la réalisation d’une évaluation sur les conditions-cadre pour le développement de l’entrepreneuriat des femmes et l’identification des principaux secteurs et opportunités pour les femmes sur la voie de l’entrepreneuriat. Justement, dans ce sens, les secteurs les plus attractifs pour les femmes sont l’agriculture, le tourisme, l’artisanat et les services. Dans ce dernier créneau, les formateurs ainsi que les représentants des organismes d’aide à la création de PME ont relevé le manque d’imagination en matière de projets et la prédominance de stéréotype de projets, tels que la création de crèche ou de garderie pour enfants. L’assistance et le développement de ces femmes à fort potentiel s’avèrent essentiels. Il est également demandé que les politiques mettent en place les mécanisme essentiels au financement et l’accompagnement de ces femmes dans la création de leurs entreprises génératrices de richesses et d’emplois. Une étude menée par le réseau CARE, un cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise a démontré que les entreprises leaders dans les différents secteurs d’opportunité ont manifesté un besoin aux petites entreprises (PE) pour la gestion de petits soucis. A titre d’exemple, certaines de ces sociétés ont besoin de PE pour la garantie d’une meilleure traçabilité du processus de production des produits agricoles, notamment pour l’agriculture biologique. Il en est de même pour le secteur du tourisme qui offre plusieurs opportunités, notamment dans la mise en valeur du territoire, la production de produits finis, comme l’artisanat, le développement de la stratégie commerciale numérique des entreprises leaders dans ce domaine. Les opportunités de création d’entreprises pour les femmes ne manquent également pas dans les secteurs de l’industrie agroalimentaire ou encore les services B2B et B2C au profit des entreprises. Toutefois, malgré l’abondance des atouts et chances de création d’entreprises offertes sur le terrain économique, les femmes trouvent d’énormes obstacles pour s’affirmer. Parmi les plus pesants, le regard de la société qui refuse d’accorder cette liberté d’agir et d’entreprendre à la femme. La situation est encore plus complexe dans les milieux ruraux. Pis encore, la femme est souvent sous-estimée et orientée vers l’essentiel des responsabilités familiales. Ce qui réduit nettement les opportunités pour la femme de participer à la vie politique, économique, sociale et à la prise de décision sur un pied d’égalité avec les hommes. L’investissement dans le développement des mentalités est aujourd’hui une grande nécessité pour que l’entrepreneuriat féminin sorte de son statut de programme vers une réalité source de richesses.  

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