lundi 26 octobre 2015

100 000 euros pour rester à la maison

En 2008, le chef de fret à Paris de la compagnie nationale Air Algérie s’est vu accuser dans une sordide affaire de poids falsifié sur les dépouilles mortuaires. Soupçonné d’être un homme de l’ancien PDG, une commission a été dépêchée d’Alger pour mener l’enquête. Au bout de trois jours, elle impute la responsabilité à ce cadre de la compagnie, représentant syndical de surcroît, et propose, ni plus ni moins, son licenciement pur et simple. Lequel licenciement a été refusé par l’inspection du travail. S’engage alors une longue procédure judiciaire jusqu’à la cour de cassation, et à chaque étape la justice donne raison au cadre licencié abusivement. A chaque fois il a été demandé à Air Algérie sa réintégration dans le poste qu’il occupait en 2008, et la compagnie a même été condamnée à des dommages et intérêts élevés. Cela ne l’a pas empêchée de refuser d’appliquer les décisions des tribunaux français compétents. Résultat : le cadre en question perçoit depuis 2008 son salaire, soit plus de 50 000 euros par an pour rester à la maison (100 000 euros charges patronales comprises). Tel est le prix de cet entêtement qui a, semble-t-il, survécu à tous les PDG qui se sont succédé à la tête de la compagnie. Mais le cadre lésé n’en est pas resté là puisqu’il a déposé plainte contre ses responsables de l’époque auprès de la justice française pour «subordination de témoins, faux témoignage et escroquerie». Le verdict ne s’est pas fait attendre. Le tribunal de Grande Instance de Bobigny vient de prononcer la mise en examen de deux hauts responsables de la direction générale d’Air Algérie, sans que cela ne suscite la moindre réaction à Alger, eu égard au préjudice que subit la compagnie depuis 2008. Quant aux deux responsables de la direction générale, l’escale parisienne leur est interdite pour un bon moment encore au risque d’être interpellés par la police française.  

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