Les effets conjugués de l’ampleur prise par les disparitions et les kidnappings d’enfants, et la médiatisation du phénomène, inspirent de lourdes craintes aux parents. Selon les chargés du dossier au niveau de la sureté nationale, le phénomène reste très complexe et le portrait-robot des auteurs d’enlèvement se confond souvent avec celui de Monsieur Tout-le-monde. Chaque année, ce sont des centaines d’enfants qui disparaissent, kidnappés puis assassinés. Pour cette seule année 2015, on évoque plus de 250 cas de mineurs enlevés à travers le territoire national. Et l’actualité est tristement jalonnée d’alertes de disparition et autres récits d’enfants sortis de leur domicile et qui ne sont jamais revenus. Il y a un mois, le 15 septembre, un petit garçon de seulement deux ans, prénommé Imed, s’est tout simplement «volatilisé». Cette tragédie s’est déroulée dans la commune de Marsat El Hadjadj, à Oran, où Imed jouait devant la maison familiale. Il reste introuvable en dépit des nombreuses recherches et battues effectuées par les autorités compétentes et par les citoyens. C’est à la même date, à la mi-septembre, qu’un autre bambin, Anes, âgé de cinq ans, a lui aussi disparu, à Mila. L’enfant, originaire de Chelghoum Laïd, séjournait chez ses grands-parents maternels ; il jouait, lui aussi, non loin de leur domicile. Près de vingt jours plus tard, après maintes recherches et appels à témoin, l’angoisse cède la place à l’horreur : le corps sans vie d’un enfant est retrouvé non loin du lieu de disparition d’Anes, enterré dans un ravin. Les analyses scientifiques confirmeront qu’il s’agit bien du petit garçon. Pour l’heure, l’enquête suit son cours quant aux circonstances du décès d’Anes. Et si ces enlèvements sont de plus en plus médiatisés, ils ne connaissent, encore que trop rarement, un dénouement «heureux». C’est le cas d’un kidnapping qui a tourné court, en août dernier, grâce à l’intervention des forces de l’ordre de Constantine. L’enfant, âgé de 12 ans, avait été enlevé sur une plage, à Skikda, par deux personnes qui l’ont conduit, à bord d’un véhicule, vers une destination inconnue. La psychose qui s’est installée au sein des familles n’en finit pas de prendre de l’ampleur devant tant de tragédies. L’on hésite ainsi de plus en plus à laisser sortir les enfants sans surveillance, même lorsqu’il s’agit de jouer «en bas de l’immeuble». De même, on s’assure qu’ils sont accompagnés dans chacun de leurs déplacements, que ce soit pour se rendre à l’école ou pour d’autres activités extrascolaires. Cette prise de conscience des parents quant aux dangers qui guettent leurs enfants semble être montée d’un cran un certain mois de mars 2013. Deux garçons, Haroun et Ibrahim, âgés de 10 et 9 ans, disparus depuis plusieurs jours, ont été retrouvés morts par strangulation, jetant la ville de Constantine et l’Algérie tout entière dans l’émoi. Leur assassinat fera écho à d’autres drames dont les médias et la population se font les relais, obligeant les autorités à se pencher sur la question de la protection des enfants contre toutes formes de violences. Les sanctions contre les agresseurs et enleveurs ont ainsi été durcies, sans que toutefois le volet prévention et réactivité face à de tels drames ne soit effectif. Car l’une des mesures-phares, dont il était alors question, était la mise en place d’une «alerte enlèvement» qui mobiliserait tous les moyens sécuritaires, médiatiques et autres, et ce, dès le signalement de la disparition d’un mineur. En l’absence, pour l’heure, d’un tel dispositif, les familles concernées tentent d’alerter le plus de personnes possibles via les réseaux sociaux et les médias.
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