mardi 27 décembre 2016

L’administration pénitentiaire rejette les accusations

L’administration pénitentiaire a exprimé, hier, son «indignation» face à ce qu’elle a qualifié de «tentatives d’exploitation tendancieuse» du décès du journaliste Mohamed Tamalt. Elle dément «toute violence» contre ce dernier, en se basant sur le contenu du rapport d’autopsie qui explique la mort du journaliste par «un choc septique, observé en général en cas de long séjour en soins intensifs dans une structure sanitaire». Le frère du défunt persiste à réclamer une enquête «impartiale» et affirme qu’à ce jour, les autorités judiciaires «refusent» de lui remettre le rapport d’autopsie, alors que Me Bachir Mechri soutient que la sortie de l’administration pénitentiaire  «ouvre la voie à la suspicion». Tard dans la soirée de dimanche, l’administration pénitentiaire a rendu public un communiqué pour répondre aux graves accusations portées à son encontre par Me Mechri, un des avocats de feu Mohamed Tamalt. L’avocat, faut-il le rappeler, avait réclamé une enquête «impartiale» sur les circonstances de la mort du journaliste en détention et évoqué un «assassinat» dont «les commanditaires» seraient, selon lui, «ceux qui agissent au nom du Président».  Accusation «totalement rejetée» par l’administration pénitentiaire qui a tenu à exprimer «son indignation» face à ce qu’elle a qualifié de «tentatives d’exploitation tendancieuse» du décès de Mohamed Tamalt, tout en se «réservant le droit de recourir à la justice conformément à la loi».  L’administration pénitentiaire, se réfère aux conclusions de l’autopsie, effectuée sur le corps du journaliste, le jour même de son décès, à l’hôpital Lamine Débaghine de Bab El Oued, à Alger, le 11 décembre 2016, sur réquisition du procureur près le tribunal de Koléa.  «Pour éclairer l’opinion publique et lever toute équivoque par rapport au traitement dont a fait l’objet Mohamed Tamalt pendant son incarcération (…), le rapport de l’autopsie effectuée par trois médecins légistes a conclu à l’absence de toute trace de violence récente ou ancienne sur l’ensemble du corps et à la présence de deux cicatrices chirurgicales au niveau du cuir chevelu, médico-frontale et pariétale droite, en rapport avec la dérivation ventriculaire externe et d’une incision chirurgicale de trachéotomie et d’une incision de drainage basi-thoracique droite.» Pour l’administration pénitentiaire, qui se réfère toujours au rapport d’autopsie, «le décès est consécutif à un sepsis grave polyviscérale, au cerveau, des plèvres, des poumons, de la vésicule biliaire, de l’appareil urinaire, à l’origine d’un choc septique directement responsable de la mort malgré la prise en charge médicale intensive mise en œuvre. Le tableau infectieux est généralement observé chez les sujets ayant séjourné longtemps dans une structure sanitaire de soins intensifs». L’administration précise enfin que ces conclusions «confirment l’absence de tout fondement aux allégations émanant de la défense du concerné et rendues publiques concernant les mauvais traitements et la violence dont le défunt aurait fait l’objet».  C’est la réponse que l’administration a donnée à Me Bachir Mechri, qui publiait, à travers les colonnes d’El Watan, une lettre adressée aux plus hautes autorités du pays, les exhortant à ouvrir une enquête impartiale, sur la mort en détention du journaliste, qualifiée d’«assassinat». Contacté, Abdelkader Tamalt, le frère du journaliste, se déclare étonné de la publication par l’administration pénitentiaire des conclusions du rapport d’autopsie, alors qu’à ce jour (hier), il n’a pu les obtenir auprès du procureur de Koléa. «Avec nos avocats, nous avions introduit une demande d’obtention du rapport d’autopsie dès l’inhumation de Mohamed, le 12 décembre, mais aucune réponse ne nous a été donnée. J’ai moi-même fait le déplacement à plusieurs reprises au tribunal de Koléa et, à chaque fois, je suis revenu bredouille. J’ai réclamé l’ensemble du dossier médical, relatif à la période de sa détention entre le 27 juin et le 22 août, et à celle de son hospitalisation allant du 22 août au 11 décembre 2016. Là aussi, aucune réponse ne nous a été donnée. Comment voulez-vous que je prenne en compte ce qu’aujourd’hui l’administration pénitentiaire déclare ?» s’étonne Abdelkader Tamalt. Ce dernier  tient toujours à une enquête «impartiale»  sur les circonstances de la mort tragique de son frère. «J’ai demandé que l’autopsie soit effectuée par un service de médecine légale autre que celui de l’hôpital Lamine Debaghine et que l’enquête soit impartiale pour la vérité et rien que la vérité, sur la mort de mon frère, ainsi que les responsabilités des uns et des autres dans celle-ci», précise Abdelkader Tamalt.  Pour sa part, Me Mechri abonde dans le même sens. Il affirme lui aussi qu’à ce jour, la demande de remise du rapport d’autopsie n’a pas eu de réponse. «Nous ne savons pas ce que les médecins légistes ont conclu», lance Me Mechri, qui soutient que les autorités n’ont toujours pas donné de réponse. Il rappelle les propos du défunt journaliste lors de l’audience, lorsqu’il s’était plaint «de violence et même de strangulation au niveau de la prison de Koléa, sans que le procureur ne réagisse ou que l’administration pénitentiaire n’ouvre une enquête». L’avocat persiste : «S’il n’y a rien à cacher, pourquoi durant trois mois, toutes nos demandes de visite ont essuyé des refus ? Le rapport d’autopsie fait état d’absence de traces de violence, alors que Tamalt lui-même criait haut et fort, lors de son procès, avoir subi des violences.» L’avocat s’est indigné contre la menace de recourir à la justice et déclare : «Nous sommes responsables de nos propos. Nous savons la portée de ce que nous avançons. Je m’interroge toujours pourquoi avoir transféré le journaliste d’Alger à Koléa. Il aurait dû rester jusqu’à ce que son affaire soit terminée. C’est le comportement de l’administration pénitentiaire qui suscite le doute et nous pousse à douter de tout. Nous avons réclamé le dossier médical, pourquoi ne veulent-ils pas nous le remettre s’ils n’ont rien à se reprocher ?» En clair, Me Mechri conteste le contenu de la déclaration de l’administration pénitentiaire, en affirmant qu’elle «manque de transparence».

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