mercredi 3 mai 2017

Célébration du 3 mai : La presse dans l’incertitude

L’année 2016 et le début de l’année en cours constituent l’une des périodes les plus sombres de la presse algérienne depuis la décennie 1990. Le monde et l’Algérie célèbrent la Journée internationale de la liberté de la presse dans un climat particulier : en plus du champ des libertés qui se rétrécit comme une peau de chagrin, le monde des médias vit une incroyable mue. De la presse papier, qui vit dans d’innombrables difficultés, aux sites d’information en ligne qui ne disposent même pas de cadre réglementaire malgré une existence réelle, la presse algérienne baigne dans d’innombrables paradoxes. L’année 2016 et le début de l’année en cours constituent l’une des périodes les plus sombres de la presse algérienne depuis la décennie 1990. Le recul de la place de l’Algérie dans le classement annuel de Reporters sans frontières n’est pas une invention. C’est le résultat d’une année marquée par des emprisonnements, des interpellations et des pressions diverses qu’exercent les autorités sur les journalistes et les organes de presse. De l’affaire du rachat avorté des actions d’El Khabar par le groupe Cevital, l’emprisonnement des dirigeants de Ness Prod, la mort de Mohamed Tamalt en prison et des fermetures de journaux pour des raisons économiques, rien n’aura été épargné à la presse algérienne. Et pour ne rien laisser au hasard, les autorités s’attaquent, sans relâche, aux rares journaux encore crédibles en faisant pression sur les annonceurs afin d’étrangler financièrement les entreprises de presse. La publicité a de tout temps été un moyen de pression redoutable employé par les autorités contre la presse. Il suffit d’un article ou d’une enquête qui déplaît aux autorités pour que la mamelle de la publicité publique soit tarie. Cela pendant que des médias, sans lecteurs, sont arrosés à coups de pages de publicité publique. La pratique n’a pas cessé même en ces temps de crise économique. Cette démarche des autorités est liée notamment à l’absence d’une véritable loi qui régit la publicité dans le pays. Ce secteur est laissé à l’abandon et la seule initiative prise par l’ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, a été tuée dans l’œuf. Cette anarchie qui règne dans la publicité s’ajoute aux difficultés dans lesquelles se débat la presse écrite. Ce segment des médias se meurt un peu partout dans le monde. Il garde encore des marges de manœuvre en Algérie. Mais le dérèglement de la publicité et la percée des sites internet sont une réalité qui s’impose à tous. Cela a engendré la fermeture de beaucoup de journaux. D’autres publications sont déjà dans le rouge et seul le secours «politique» a réussi à les maintenir en vie. Ces dérèglements se répercutent négativement sur la situation sociale des travailleurs du secteur. A commencer par les journalistes. A cause de la fermeture de médias, beaucoup d’entre eux se sont retrouvés au chômage. D’autres vivent dans une précarité permanente qui ne leur permet pas une grande liberté d’action. Cela rappelle que le travail des journalistes est un perpétuel combat qui se mène sur plusieurs fronts : contre l’ordre politique, économique et parfois sociétal. Et ce 3 mai n’est pas une fête, mais une étape pour se rappeler ces évidences.  

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