jeudi 28 avril 2016

«Il n’y a pas de transgression, il y a déni de la loi»

A travers l’amorce de ce débat, l’université aspire à développer une approche scientifique et la mettre à la disposition des décideurs pour un usage à bon escient. «La qualité de la formation du conducteur manque de l’essentiel. «Les capacités cognitives, psychologiques, culturelles et sociales ne sont pas prise en compte». Le laboratoire de la psychologie de l’usager de la route, de l’université de Batna a tenté une expérience inédite : définir le profil type du conducteur responsable d’accident de la route. Lors d’un séminaire de deux jours, 27 et 28 avril, spécialistes et corps constitués se sont attelés, chiffres à l’appui, à décrypter les causes et les conséquences de la hausse des accidents de la circulation dans notre pays. Les jeunes et les actifs sont ainsi rendus responsables concernant ce phénomène. Mais au bout de plusieurs communications, il ressort qu’il n’existe pas de profil type du «chauffard». La seule certitude est que le facteur humain est à l’origine de 90% des cas d’accident. Et là, il ne s’agit pas de «transgression mais de déni de la loi». Pour Mohamed-El Hadi Rahal-Gherbi, directeur du laboratoire initiateur du séminaire, il s’agit d’un problème de santé publique, d’où l’implication de l’université, qui par son approche scientifique du problème, peut apporter des solutions. Des pays ont réussi à réduire de moitié le nombre d’accidents grâce à l’association de la recherche. Les statistiques relatives aux victimes des accidents de la route semblent  faussées en Algérie, quand bien même elles sont alarmantes. Pour notre interlocuteur, les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne sont pas observées, puisqu’on ne comptabilise que les décès sur place : «La réalité est beaucoup plus inquiétante», ajoute notre source. A travers l’amorce de ce débat, l’université aspire à développer une approche scientifique et la mettre à la disposition des décideurs pour un usage à bon escient. Endiguer les accidents de la route n’est certainement pas réalisable, donc la finalité est de les faire baisser significativement. «Bon nombre de décisions ont été prises sur le coup de l’émotion face à l’hécatombe, mais qui ne donneront, in fine, qu’un feu de paille», nous explique M. Rahal. Pour lui, même les campagnes de sensibilisation, telles qu’elles sont menées actuellement, n’auront jamais l’effet escompté faute de méthodologie : «Il faut utiliser des critères scientifiques pour une meilleure efficience des actions ciblées.» A cet effet, le laboratoire en question a introduit des propositions auprès de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, pour intégrer «dans chaque cours 10 mn sur la culture routière», dans les trois paliers. Pour l’heure, il n’y a pas eu de réponse de la part de la tutelle. Mais cet universitaire et son équipe ne baissent pas les bras, malgré la réticence manifeste affichée vis-à-vis de leur recherches. «L’université est appelée à s’impliquer dans  la société, son évolution et son environnement par le biais de la recherche qui aborde les sujets d’une manière cartésienne», conclut Mohamed-El Hadi Rahal-Gherbi. En amont, on insiste sur la culture et l’éducation routières. Dans cette approche psychologique des usagers de la route, il n’est pas exclusivement question du conducteur. Le piéton y est aussi un élément. Qu’il soit enfant ou adulte, il ignore parfois la signification des signalisations et les précautions à prendre avant de traverser la route. C’est le résultat des travaux conduits par le Dr Salhi Hanifa qui a fait de la «psychologie routière» son credo. Et de mettre le doigt sur le problème de la formation : «La qualité de la formation du conducteur manque de l’essentiel. Il n’est pas pris en compte les capacités cognitive, psychologique, culturelle et sociale.»  

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