Les difficultés financières qui touchent la presse écrite n’épargnent pas les titres édités à Oran, qu’ils soient de dimension nationale ou ont un cachet purement local. «Il y a une chute drastique des offres publicitaires et tout le monde est concerné», indique Abdellah Bouhali, directeur de publication de Carrefour d’Algérie, expliquant que les restrictions budgétaires adoptées par les sociétés et les entreprises publiques, ou même privées, ont eu des incidences fâcheuses sur les finances des journaux. Même les avis d’appel d’offres ont fortement diminué et les grandes entreprises telles celles activant dans la téléphonie mobile ont limité leur budget publicitaire, ce qui ne leur permet plus de donner de la publicité à tout le monde comme elles le faisaient avant. «Le problème est d’ordre strictement financier», estime néanmoins le même responsable qui voit dans les interventions du ministre de la Communication un message sous-entendu, stipulant que «les journaux doivent eux aussi se serrer la ceinture, rationnaliser leur gestion en attendant que la crise passe». Le Carrefour d’Algérie a été contraint par exemple de revoir ses ambitions à la baisse. Le projet, qui consiste à ouvrir un bureau à Constantine pour tirer le journal à l’Est, est gelé. La société éditrice a procédé à la réduction du personnel et à la baisse volontaire des tirages pour minimiser les coûts de production. «C’est le prix à payer, mais nous faisons tout pour sauvegarder l’outil de travail et maintenir au moins les anciens qui, pour certains, sont avec nous depuis 16 ans !» déplore Abdellah Bouhali, contraint de puiser dans les réserves, mais surtout travailler avec les moyens disponibles. «Nous faisions des chiffres d’affaires intéressants et maintenant que la publicité a fortement diminué, nous n’allons quand même pas tout laisser tomber, car il faut continuer quitte à ce que ce ne soit plus comme avant.» C’est l’ère de la survie en attendant des jours meilleurs. Certains titres ont fait les frais de cette crise et c’est le cas de La Voix de l’Oranie qui a mis la clé sous le paillasson, laissant les employés, du moins pour certains, dans le désarroi. «En mai dernier, lorsque le journal a été privé de publicité durant quelque temps, on s’est d’abord passés de la version papier pour ne publier que sur le Net, mais cette solution n’a pas suffi. On a ensuite essayé de se défaire de la version en arabe (Sawt El Gharb), mais là aussi en vain.» «Nous sommes un journal de proximité, un choix pour lequel nous avons opté depuis maintenant 17 ans, nous ne sommes pas distribués à Alger et cela pour vous dire que, évidemment, nous comptions beaucoup sur la publicité publique», nous avait-il dit à l’époque lorsqu’un mouvement de protestation s’était déclaré face à la menace de fermeture. «Pendant 17 ans, les salaires, les charges salariales et para-salariales ont toujours été payées et c’est pour vous dire que je partage aussi l’inquiétude des employés et que moi-même j’ai du mal à me défaire d’un titre que j’ai fondé et que j’ai vu évoluer durant tout ce temps», avait-il ajouté. Aujourd’hui, le mal est fait et d’autres titres risquent malheureusement de subir le même sort. Le journal El Wasl (en langue arabe) n’est, par exemple, déjà plus sur les étals. Sous le sceau de l’anonymat, certains déplorent les incohérences qui caractérisent le secteur. Par exemple, certains journalistes, cumulant des années de métier, ont demandé des agréments, mais ils ne les ont jamais eus. Lorsque le refus concerne le domaine sportif, il est clair que ce ne sont pas les lignes éditoriales ou les tendances politiques qui posent problème. Sinon, l’incompréhension de voir quand même de nouveaux titres sur les étals est aujourd’hui accentuée par le fait que les journaux préexistants se débattaient dans des problèmes financiers à cause de la «pénurie» de publicité. Une manière de dire qu’au lieu de régler un problème, on en crée d’autres. A Oran, certains titres arrivent à tirer leur épingle du jeu, car les propriétaires ont d’autres affaires ou projets en parallèle. Ici, on peut dire que la crise touche beaucoup plus les éditeurs issus de la profession et dont le journal représente la seule source de revenus.
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