Le mouvement antifactures abusives d’électricité est né. Un comité populaire de suivi des décisions du gouvernement se charge du dossier. Pour les manifestants, le Sud ne veut plus être le bouc émissaire de la mauvaise gouvernance du pays. Les pauvres refusent de payer vos erreurs de gestion», «Personne ne réglera vos factures», «6 mois de canicule, c’est assez pour nous», «Pourquoi avoir négligé le solaire du temps de la manne pétrolière ?» Ces slogans ont fait le tour de la ville de Ouargla, hier matin, quand des dizaines de citoyens, couverts de chèches blancs portant la mention «Non à la facture d’électricité abusive», ont mis le gouvernement dos au mur devant «sa mauvaise gestion des ressources et son légendaire mépris pour la réalité du Sud», au moment où les températures ne sont pas encore passées à l’heure d’automne. La marche des «citoyens en colère» a bien eu lieu selon le timing et sur le lieu annoncés depuis quelques jours par la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC), initiatrice de l’événement, qui a mobilisé les citoyens, estimés selon des observateurs à quelque 300 personnes ayant participé d’abord au sit-in tenu sur la place du Peuple, près de Souk El Hedjar, puis devant le siège local de Sonelgaz, sur l’avenue de la République, avant d’entamer une marche vers la wilaya, avenue Si El Haoues. Brandissant des factures de 20 000, 36 000 voire 42 000 DA, les contestataires n’ont pas mâché leurs mots, se disant exaspérés par le «revirement du gouvernement qui avait consenti un soutien de 50% pour les factures énergétiques des habitants du Sud pendant l’été». Ils pointent du doigt Sonelgaz qu’ils accusent d’«appliquer l’aide de l’Etat à sa manière sur la seule première tranche qui ne peut couvrir les consommations estivales d’un été qui dure plus de la moitié de l’année». Une injustice de plus pour les manifestants de Ouargla, qui rejoignent ainsi des centaines d’autres citoyens des villes du Sud, révoltés par la hausse des tarifications de Sonelgaz qu’ils jugent exagérées, abusives et ciblant une population qui souffre en permanence des mauvaises décisions centralisées. Adhésion populaire Vaquant à leurs occupations matinales, les habitants ne sont pas restés indifférents à la marche pacifique qui se déroulait devant eux, dans les artères les plus fréquentées de Ouargla. Ils étaient nombreux à klaxonner, à s’arrêter le long des trottoirs et à scander les slogans du «mouvement antifactures abusives». La manifestation était encadrée aussi bien par la CNDDC que par les forces de l’ordre, qui ont laissé faire Tahar Belabes et ses camarades, dont les préparatifs se sont tenus sur la place publique. Abdelkader Djellaoui, le nouveau wali de Ouargla, avait pour sa part débuté, tôt le matin, sa visite d’inspection inaugurale à la wilaya déléguée de Toggourt, à 160 km du chef-lieu de la wilaya de Ouargla, où les chômeurs, rejoints par des dizaines de citoyens et citoyennes de tous âges se sont dits «déterminés à ne plus payer les redevances d’électricité avant que le gouvernement n’effectue un arbitrage en faveur des populations du sud du pays qui ne veulent plus être le bouc émissaire de la mauvaise gouvernance». Hadj Mohamed interpelle directement le ministre de l’Energie sur les énergies renouvelables : «Le soleil est tous les jours au rendez-vous pour vous rappeler que l’avenir sera pour l’énergie solaire, nous ne voulons pas seulement que la commission de Bédoui prenne les bonnes décisions pour alléger les charges d’électricité des habitants, nous voulons que la transition vers le solaire se fasse maintenant.» En ce 25 octobre caniculaire où les habitants du Sud n’ont pas pu se résoudre à éteindre les climatiseurs, la hantise d’une nouvelle facture encore plus salée que celle du trimestre passé tient toujours. La colère, elle, n’a pas fondu sous le soleil de plomb, ni même après l’instauration de la commission annoncée la semaine dernière par le ministre de l’Intérieur. Pour un sexagénaire encadrant la marche, «à la ville du 1er Novembre, cette marche de la dignité voudrait rappeler à nos gouvernants que notre Révolution visait en premier lieu l’équité et la justice». Clôturant les prises de parole après trois heures de manifestations, Tahar Belabes rappellera, quant à lui, que «nous sommes là pour souligner l’échec de ce gouvernement, c’est la colère de la rue qui motive les concessions faites par le programme du Président et les décisions des gouvernements successifs présidés par Sellal». Pour les contestataires, la lutte pour les droits sociaux et économiques du peuple continuera dans la rue.
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