Il n’y a pas mieux que les thèmes de la «paix» et de la «sécurité» pour mobiliser les Algériens. La «main de l’étranger» apparaît à nouveau en Algérie. Portée disparue depuis les législatives du 10 mai 2012, cette «main maléfique», dérangée par la stabilité du pays, revient avec la ferme détermination de perturber le quotidien de ce «havre de paix». Cinq ans après la mégacampagne politico-médiatique visant à sauver un scrutin qui revêt une portée stratégique pour les tenants du pouvoir, les mêmes procédés sont mis en branle pour… une bonne gestion des effets de la crise financière actuelle et une préparation adéquate des prochaines législatives. Et il n’y a pas mieux que les thèmes de la «paix» et de la «sécurité» pour mobiliser les Algériens. En effet, depuis quelques jours, l’opinion publique assiste à une réelle levée de boucliers contre «les tentatives de déstabilisation du pays». Des ministres, des partis politiques et même l’UGTA sont montés au créneau pour dénoncer ce danger non identifié. Tout a commencé avec la publication d’une contribution d’un journal belge par le directeur exécutif du centre Madariage-collège d’Europe et directeur général honoraire à la Commission européenne, Pierre Defraigne. Dans son texte, ce dernier fait le lien entre l’Algérie et ce qui se passe en Syrie, avant d’appeler l’Union européenne à «faire attention au danger pouvant venir de l’Algérie». C’est une occasion inespérée pour les tenants du pouvoir qui, faute d’arguments convaincants concernant les raisons de l’échec économique, mettent tous les moyens pour sensibiliser les Algériens contre le danger extérieur qui menacerait en permanence le pays. Pratiquement tous les partis proches du pouvoir se sont mis en ordre de bataille pour dénoncer, devant les caméras de la télévision, une «nouvelle tentative de déstabilisation». Le secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, se met également de la partie. A l’occasion d’un colloque sur «Le partage de l’expérience algérienne en matière de dialogue et de protection sociale», il accuse la «main de l’étranger» de vouloir instrumentaliser la fronde sociale qui prend de l’ampleur afin de déstabiliser l’Algérie. Du coup, toute contestation est considérée comme une «manipulation étrangère». La protestation des élèves contre le nouveau calendrier des vacances, la grève des commerçants contre les dispositions de la loi de finances 2017… toute manifestation ou contestation sociales seront désormais cataloguées dans les cases des œuvres malsaines de la «main de l’étranger» ou celles de certaines «mains internes hostiles à l’Algérie», comme l’affirme le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui tente aussi de surfer sur le sujet de l’unité nationale «menacée par des mouvements séparatistes en Kabylie et dans la vallée du M’zab». Y a-t-il une sérieuse menace sur le pays ? D’où viendrait-elle ? Vraisemblablement, ce n’est qu’une fiction made in Algeria. Tous les observateurs de la scène nationale s’accordent à dire que cette nouvelle campagne vise un double objectif. Le premier concerne la gestion des effets de la loi de finances 2017, dont les mesures antisociales risquent d’engendrer une colère sans précédent des citoyens asphyxiés déjà par les conséquences de la LF-2016. Afin d’éviter toute protestation de rue qui risquerait de prendre une forme de revendications politiques. Le deuxième objectif est de mobiliser les Algériens en prévision des élections législatives de 2017. En panne d’idées et de projets intéressant le citoyen, les responsables du régime et leurs relais tenteront de jouer sur la peur en ressuscitant les thématiques de la sécurité, de la menace terroriste à nos frontières et de la nécessité de préserver le «grand acquis de la stabilité».
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