- Quel pourrait être l’impact des défaites de Daech à Benghazi, Mossoul, Syrte et Alep sur la Tunisie ? Nous avons déjà attiré l’attention, depuis début 2016, sur la migration de centaines de terroristes, notamment tunisiens mais, également, d’autres nationalités, de la Syrie vers la Libye. Le terrain libyen est plus accessible aux groupes terroristes vu l’absence d’un Etat en Libye. Donc, malgré les défaites de Daech sur le terrain dans les villes citées plus haut, il y a toujours un risque d’infiltration de ces terroristes vers les pays limitrophes de la Libye, à savoir l’Egypte, le Soudan, le Tchad, le Niger, l’Algérie et la Tunisie. Ces infiltrations peuvent s’effectuer de manière individuelle ou collective et constituent un danger latent pour les pays concernés, puisque ces terroristes ont déjà acquis de l’expertise dans le maniement des armes et des explosifs. Les trois opérations perpétrées en Tunisie, en 2015, ont été réalisées par des terroristes entraînés en Libye. Que dire lorsqu’il s’agit d’éléments terroristes qui étaient déjà opérationnels en Syrie ? - Le ministre de l’Intérieur tunisien a pourtant régulièrement insisté sur des mesures pour lutter contre les risques terroristes... Je ne dis pas le contraire. Le 22 décembre, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le ministre, Si Hédi Majdoub, a affirmé que son département multiplie les actions pour développer le dossier en sa possession concernant les Tunisiens affiliés aux réseaux terroristes pour suivre leur trace à l’étranger ou en Tunisie. Toutefois, le ministre a reconnu que les renseignements en possession des départements spécialisés contiennent des parties à compléter et élucider. Et ce n’est pas spécifique à la Tunisie. Vous voyez ce qui se passe en France ou en Allemagne. Les dossiers des terroristes nécessitent des mises à jour quotidiennes et un grand travail de renseignement concerté entre les divers services à travers la région, en plus d’une dimension citoyenne, parce que ce n’est pas uniquement un travail sécuritaire. Ces terroristes sont des kamikazes, ce qui complique la situation. - Qu’en est-il du retour de ces milliers de combattants tunisiens chez eux ? Avant-hier, des centaines de Tunisiens se sont rassemblés au Bardo contre ce retour. Une campagne a été lancée sur facebook contre ce retour, lorsque le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a dit aux médias que tout Tunisien a le droit de rentrer chez lui. Cela a été compris comme une autorisation de retour à ces terroristes. Le Président a dû préciser à plusieurs reprises que cette autorisation de retour est juste un «droit constitutionnel de tout citoyen», mais que «les criminels doivent répondre de leurs crimes». Il ne faut surtout pas oublier qu’il y a des réseaux qui ont travaillé en Tunisie pour emmener des jeune en Syrie et que ces actes n’ont pas été punis. Donc, la société civile a peur que ces réseaux ne s’activent pour ramener ces mêmes jeunes. La Tunisie vit donc sous le risque du retour de ces anciens terroristes ayant combattu en Syrie et en Libye. Ce n’est pas du tout une situation confortable.
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