lundi 27 mars 2017

«L’entrée à l’OMC exige un consensus politique»

Invité hier du forum du quotidien El Mihwar, Abderrahmane Mebtoul, économiste algérien, professeur des universités et expert international, s’est exprimé sur les mesures prises récemment par le gouvernement, telles que les licences d’importation et ses incidences sur les traités internationaux et les négociations avec l’Union européenne (UE) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Comité de veille chargé du suivi et du développement des investissements installé par le Premier ministre,  Abdelmalek Sellal. Concernant les licences d’importation, il a affirmé : «J’ai soulevé le problème au gouvernement qui m’a répondu officiellement à travers une lettre : ‘‘L’Algérie respectera ses engagements internationaux. La licence d’importation n’est pas contraire aux conventions internationales puisqu’elle est contenue dans les clauses de l’OMC suite aux accords de Doha. Mais il faut de la transparence et des accords avec les pays durant une période transitoire.» Selon lui, le ministre du Commerce doit afficher la liste des noms des bénéficiaires et préciser les critères, car il faut être spécialiste de l’importation. Il note que l’Algérie est pays observateur depuis 1987 concernant l’OMC. Notre pays a mené, à ce jour, 12 rounds de négociations et a répondu à plus de 1900 questions liées essentiellement à son système économique. L’Algérie a aussi tenu plus de 120 réunions bilatérales avec une vingtaine de pays. «Le ticket d’entrée est difficile à obtenir. Il faut un consensus politique et des réformes structurelles. Plus on les diffère, plus on risque d’aller vers l’épuisement des réserves de change. Il faut aller vers un endettement ciblé uniquement pour les segments créateurs de valeur ajoutée qui permettent de rembourser le principal et les intérêts.» Ce qui freine, c’est aussi la sphère informelle dominante intiment liée à la logique rentière en Algérie qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et plus de 65% des segments de produits de première nécessité au niveau du marché intérieur. «Il y a une crise de gouvernance mais pas une crise financière. Il faut aller vers la réforme du système financier qui est actuellement un lieu de distribution de la rente. L’ère mécanique des années 1970 est dépassée : investir uniquement dans le fer, le ciment et les usines de montage de voitures ne résoudront pas le problème de l’Algérie. Nous sommes à l’ère d’une quatrième révolution industrielle fondée sur le numérique, les nouvelles technologies et les industries écologiques», dira-t-il. Selon lui, il fallait aller vers des unités de sous-traitance avant d’opter pour des unités de montage de voitures et sélectionner deux ou trois constructeurs pour cela. Il se dit favorable à «un grand ministère de l’Economie et de l’Education nationale avec une vision stratégique évitant les replâtrages conjoncturels qui ne feront que différer les tensions». L’économiste Ferhat Aït Ali a abondé dans le même sens, affirmant qu’il faut «un maximum de transparence dans les licences d’importation pour éviter les suspicions et les tentatives de monopole illégal au profit de certains». Il dira aussi : «Il faut identifier les priorités dans les importations, surtout que les réserves de change ont été réduites à 112 milliards de dollars.»  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire