La nomination du nouveau gouvernement apporte un souffle nouveau au ministère de la Communication. Hamid Grine, qui était à la tête du département depuis exactement 3 ans, s’en va après de longues années faites de polémiques, de coups de gueule et de désorganisation de la profession. A peine arrivé au lendemain de la présidentielle de 2014, l’ancien journaliste sportif avait porté l’estocade à la presse indépendante. Il a multiplié les sorties et transformé son action en une vaste arène où il tentait d’enseigner les «règles de déontologie» et de «bienséance» aux journalistes critiques. L’homme déploiera des efforts colossaux pour gérer la publicité publique et créera un «cercle vertueux» dans lequel les «bons médias» sont ceux qui sont aux ordres, et les « méchants» sont ceux qui portent la critique. Le dernier épisode en date est l’appel lancé aux médias d’éviter «de rapporter» la voix de ceux qui ont appelé au boycottage de l’élection législative du 4 mai dernier. Au-delà de ce clivage qui aura duré tout le «mandat» de Hamid Grine à la tête du ministère de la Communication, ces trois dernières années la presse aura également vécu ses pires moments : fermetures de journaux tous azimuts pour notamment des raisons économiques, mais également délivrances sans frein d’autorisations de création de journaux financés à coups de publicité publique. En un mot, la profession est plus que jamais déstructurée. Et la seule initiative qui allait dans le bon sens est la tentative de délivrer la carte de journaliste professionnel. Là aussi, la tentative a ses limites et nombreux sont les journalistes qui, notamment pour absence de crédibilité de la part des autorités, ont refusé de souscrire au projet. Ce sont donc ces exemples de défis que le nouveau ministre de la Communication doit relever. Journaliste professionnel au long cours, nommé récemment directeur de l’ANEP (Agence nationale dédition et de publicité), Djamel Kaouane aura donc la lourde tâche de rassembler les lambeaux d’une profession déchirée. Il va devoir redonner confiance aux professionnels, laisser la gestion de la publicité aux professionnels et s’attacher à laisser travailler l’Autorité de régulation de l’audiovisuel et installer celle de la presse écrite. L’autre chantier qui attend Djamel Kaouane est également le dossier du Fonds d’aide à la presse. Ce fonds, créé il y a plus d’une décennie, est toujours en attente d’une décision politique qui le fera sortir des tiroirs. Un chantier colossal qui attend le nouveau ministre. Aura-t-il les coudées franches ?
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