Un lifting au gouvernement. Fin de mission pour 14 ministres. Douze nouveau arrivent mais il y a moins de femmes dans l’équipe de Tebboun ! Le 18e gouvernement de l’ère Bouteflika, drivé par un Tebboune en bon connaisseur de la machine étatique, se condamne à une vie courte : la présidentielle de 2019 ou une disparition du chef de l’Etat marquent les limites biologiques de l’Exécutif. Quatre remarques principales sont nécessaires à une première lecture du casting esquissé à Zéralda. L’asséchement de la ressource humaine du système, la tentative de technocratiser l’équipe gouvernementale, la volonté d’étouffer les confusions de la saga Sellal et une timide émergence de nouvelles têtes. L’assèchement de la ressource humaine se traduit, depuis le troisième mandat présidentiel, par le recours aux walis, comme principal vivier de compétence technocratique. Cette fois-ci, nous en avons quatre qui font leur entrée dans l’Exécutif Tebboune : les wali d’Oran, Annaba, Tlemcen et Blida. Pourquoi l’administration ne pourrait «donner» d’autres compétences, malgré que, dans ce cas de figure, il est à noter que Ahmed Saci, wali de Tlemcen (et d’Adrar juste avant), nommé au Commerce, est un technocrate d’une grande qualité humaine en terme d’écoute et de compétence, selon certains de ses collaborateurs. On se souviendra de lui longtemps à Adrar et Bordj Badji Mokhtar ; lors des émeutes dans cette dernière localité, il a eu un rôle de négociateur à l’écoute de tout le monde. Parenthèse refermée, il faudrait décortiquer un peu plus cette tendance à recourir aux walis. Pour le second point, les décideurs du moment, pour reprendre les termes de l’ex-général Rachid Benyelles, ont tenté de doser un peu de profils technocrates, des opérationnels qui sont au contact de la pratique quotidienne, comme le montre le choix aux ministères de la Santé, les Finances, le Travail, et la Communication : des cadres technocrates ou praticiens qui devront dorénavant être confrontés aux logiques politiques macro. Cela fonctionnera-t-il ? Ensuite, nous avons cette volonté d’éviter les confusions, les tirs dans les pattes des uns et des autres : unifier par exemple le ministère des Affaires étrangères sous la coupe d’un seul homme, Abdelkader Messahel, et évincer ceux qui parlaient souvent hors du cadre de la discipline gouvernementale, comme un Hamid Grine qui parle de «spéculations», alors que son Premier ministre Sellal entame ses éphémères consultation ! Et il n’était pas à sa première fausse note. Ou lorsque Abdesselam Bouchouareb à l’Industrie et aux Mines désavoue le regretté Bekhti Belaïb, au Commerce, sur la question de l’importation des véhicules de moins de trois ans. L’équipe gouvernementale n’est pas resserrée comme l’aurait voulu la logique d’une task force pour «rationnaliser» les dépenses (pour ne pas dire le mot officiellement tabou : «la rigueur»), mais elle paraît, sur le papier, assez maîtrisée par un PM investi des pouvoirs de Zéralda. Dernier point : faire émerger de nouvelles têtes. On en retient deux et c’est assez significatif : Mokhtar Hasbellaoui à la Santé, médecin ORL, professeur, directeur de l’Institut national de santé publique, mais aussi Fatma-Zohra Zerouati, ancienne journaliste, du parti TAJ de Amar Ghoul, nommée à l’Environnement et aux Energies renouvelables. Sans oublier le jeune Mahdjoub Bedda, aux Industries et des Mines : député FLN de Médéa, président de la commission finances à l’APN et assez critique sur le… projet Renault par exemple ! Ce cocktail fonctionnera-t-il à merveille ? Cela dépendra des capacités de Abdelmadjid Tebboune de coordonner toutes ces logiques diverses. En partie. Car nous sommes dans un système présidentiel qui se fragilise de manière conjoncturelle : les équilibres sont difficiles, les défis ne sont plus de la littérature et le temps presse, car 2019, c’est demain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire