Persécutés et interdits de marcher dans les autres wilayas, les syndicats affiliés à la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA), à savoir le Syndicat national autonome des personnels des administrations publiques (Snapap), le Syndicat national autonome des postiers (SNAP) et celui des travailleurs de l’électricité et du gaz (Snateg) ont organisé, hier à Béjaïa, une marche de solidarité avec leurs camarades syndicalistes suspendus de leur poste de travail. Il s’agit de Kassa Naceret et Heddak Arab de la fédération de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de la wilaya de Béjaïa, et un syndicaliste du SNAP, qui ont été suspendus «pour avoir osé dénoncer des conditions socioprofessionnelles délétères» ainsi que six autres militants du Snateg. Ce dernier, pour avoir considéré la société nationale comme «le repaire de la corruption et le nid du trafic en tous genres», a été condamné par l’administration à disparaître. L’acharnement des pouvoirs publics contre les syndicalistes illustre la volonté du pouvoir à réduire les syndicats autonomes au silence et à entraver le développement d’un contrepoids capable de peser face au syndicat-appareil, l’Ugta, afin de maintenir le rapport de force actuel. Ils étaient plusieurs centaines de protestataires à revendiquer, essentiellement, la levée des sanctions à l’encontre des syndicalistes et leur réhabilitation. La marche, qui a aussi drainé des comités d’étudiants des résidences de Béjaïa ainsi que des figures de la société civile, de la LADDH, du comité de soutien pour les travailleurs, des militants du MDS, s’est ébranlée de la maison de la culture Taos Amrouche pour aboutir devant la wilaya afin d’interpeller le wali quant aux «pressions, intimidations et sanctions arbitraires dont font l’objet des meneurs de grève, entre les mises à pied et les ponctions sur salaire». A travers cette action de rue, les protestataires ont exigé le respect des libertés syndicales, l’arrêt de toute forme de répression à l’encontre des travailleurs et la cessation de toute ingérence de l’administration sur le fonctionnement des syndicats. Outre cette revendication, le Snapap a demandé la régularisation administrative et financière des 159 ouvriers professionnels du secteur de l’éducation et «l’ouverture d’un dialogue afin de trouver des solutions concrètes pour sortir de la crise». A cet effet, le syndicat interpelle le wali afin de peser de son poids dans le but de ramener les responsables des œuvres sociales de Béjaïa au dialogue.
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