Le président de la Cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Me Merouane Azzi, a divulgué, aujourd’hui lundi au forum du quotidien El Moudjahid, une partie du rapport qu’il a remis au président de la République. Il est question surtout dans ce rapport, selon Azzi, de données chiffrées sur le nombre de bénéficiaires de la charte et des recommandations formulées par la cellule, en vue de « parachever » la loi sur la réconciliation nationale, entrée en vigueur depuis 2006. Les recommandations, au nombre de 15, portent, entre autres, sur la libération pour des « considérations humanitaires » de 140 personnes condamnés, entre 1992 et 1995, par les tribunaux spéciaux ou militaires à la peine capitale ou à la prison à perpétuité. La cellule a demandé en outre au chef de l’Etat d’« accélérer la réhabilitation des terroristes repentis, à travers le blanchiment de leurs casiers judiciaires ». Elle a suggéré aussi de mener des enquêtes approfondies sur les cas des personnes licenciées des corps de l’armée et de la police. Selon Me Azzi, le nombre des enfants nés dans les maquis avoisine les 600 enfants dont une centaine ont déposé des dossiers au niveau de la cellule d’assistance judiciaire. Cette dernière a traité les dossiers de 44 enfants seulement, a révélé l’avocat, en précisant que les cas des enfants dont le père a été tué dans le cadre de la lutte antiterroriste n’ont pas été pris en charge. Et pour régler ce problème, il a préconisé l’utilisation des tests ADN pour faciliter l’identification des parents de ces enfants nés dans le maquis. Les autres recommandations traitent de la prise en charge des revendications sociales des franges de la société engagées dans la guerre contre le terrorisme tels les rappelés du service militaire, les gardes communaux ainsi que les éléments des groupes de légitime défense. Cela en plus de l’indemnisation des internés du sud et des investisseurs ayant vu leurs usines et autres biens brûlés durant la « tragédie nationale ». « Protéger les coupables et punir les victimes » Abordant l’épineux dossier des disparus, l’avocat, très imprégné de la rhétorique du pouvoir en place, n’a pas pris de gants pour accuser les associations des victimes de « travailler pour le compte de parties étrangères ». Et de renchérir : « Certains ont été payés par des ONG pour faire des témoignages impliquant les services de sécurité dans les disparitions (…) On a utilisé le dossier des disparus pour exporter les révolutions arabes vers l’Algérie ». La cellule d’assistance judiciaire a recensé 7105 disparus dont les parents ont été indemnisés à l’exception de 39 familles dont 24 ont carrément rejeté les indemnisations alors que 15 autres familles attendent que les comités de wilayas traitent leurs dossiers. Merouane Azzi a insisté sur le fait que l’article 47 de la Charte pour la paix et la réconciliation national donne au président le droit de prendre les mesures qu’il juge adéquates pour « parfaire » ses dispositions. « La charte pour la réconciliation nationale n’est pas limitée et nous espérons que le président prenne des décisions audacieuses (…) Si le président décide d’aller à l’amnésie générale, qu’elle soit la bienvenue », dit-il. La conférence de presse de Me Azzi a été troublée par un jeune représentant des familles des disparues qui n’a pas cessé de clamer : « La réconciliation nationale a protégé les coupables et puni les victimes ».
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