Le mouvement associatif algérien apporte une réelle «valeur ajoutée» aux réalités socioéconomiques des citoyens et au développement local. La plateforme des organisations de la société civile algérienne a rendu public hier, les résultats d’une enquête menée sur le territoire national auprès des associations, afin d’apprécier la portée de leur travail et engagement, mais aussi et surtout identifier les contraintes et écueils auxquels elles font face. Ce rapport, fruit des investigations des journalistes Djamel Benramdane et Ghania Mouffok, conclut que le «mouvement associatif est un acteur émergent en quête de reconnaissance de son utilité sociale et son rôle de moteur de développement». Et si la majeure partie des actions menées par le tissu associatif demeure méconnue, c’est parce que ces activités sont faites à l’échelle locale et individuelle. «Il y a une société civile qui, en dépit des contraintes, travaille à la construction de la citoyenneté, à la réhabilitation de l’intérêt public et général», rappelle Ghania Mouffok. «Ces personnes s’intéressent à des pans entiers du service public et des programmes sociaux et s’investissent tous les jours là où l’Etat s’est désengagé», ajoute-t-elle. La valeur ajoutée socioéconomique et le rôle social des associations sont, ainsi, «au cœur de leurs actions à travers la création d’emplois, l’insertion sociale, le développement local et rural, la structuration de relations sociales, l’amélioration du niveau de vie des populations vulnérables, etc.», peut-on lire dans ce rapport. Cette enquête a aussi identifié «les contraintes qui pèsent sur le bon fonctionnement de différentes organisations et qui entravent leur développement», et ce, suite à l’adoption de la loi relative aux associations. «Deux tiers des 93 000 associations officiellement recensées à la fin 2011 par le ministère de l’Intérieur auraient effectivement disparu ou n’auraient pas renouvelé leur agrément courant 2015», affirme-t-on. Mais au-delà de ces entraves, «on trouve de bonnes choses dans cette loi», affirme Mouloud Salhi, président de l’association Etoile culturelle d’Akbou. «Elle vise à une vraie organisation ‘professionnelle’ de la société civile, ce que nous ne pouvons qu’encourager. Car le mouvement associatif a besoin d’un vrai cadre réglementaire, et ce, afin d’éviter toute dérive», explique-t-il ainsi. «Nous contestons surtout l’incohérence de l’Etat algérien en la matière, car elle ne permet pas aux associations de travailler dans de bonnes conditions», déplore pour sa part Hassina Oussedik, présidente de la section algérienne d’Amnesty International. Raison pour laquelle les initiateurs de cette enquête comptent «remettre ce rapport aux autorités et aux bailleurs de fonds potentiels. Malgré les difficultés passées et présentes, les compétences sont là, elles s’aguerrissent sur le terrain et se mettent à la disposition de l’intérêt public», poursuit-elle. «Nous trouverons des alliés où qu’ils soient et quelle que soit leur casquette», conclut Mme Oussedik.
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