Il a fallu deux regroupements de l’organisation terroriste connue sous le nom de l’AIS, à Jijel et à Mostaganem, et de nombreuses sorties médiatiques de son chef, Madani Mezrag, faisant l’apologie d’un sinistre passé jalonné de crimes, pour que le premier magistrat du pays rappelle «les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l’Etat sera intransigeant». Intervenant à l’occasion du 10e anniversaire de la mise en vigueur de la loi sur la réconciliation nationale, la mise en garde de la présidence de la République vise essentiellement Madani Mezrag, cet ancien chef terroriste qui a été, dans un passé très récent, reçu par le directeur de cabinet (au siège de la Présidence) en tant que personnalité nationale, étant donné qu’il avait bénéficié des dispositions de la loi sur la concorde nationale et non pas de la réconciliation nationale. «Nous relevons aujourd’hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile, que nous préférons qualifier d’égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées, et sur lesquelles l’Etat sera intransigeant», lit-on dans le communiqué, réduisant les graves propos de Madani Mezrag à un simple «égarement», mis sur un pied d’égalité avec les réactions légitimes des familles des victimes du terrorisme, appelées elles aussi «au respect» des lois sur la concorde et de la réconciliation nationale. «Nous enregistrons des réactions induites par le réveil de blessures encore vives ou provoquées par la crainte de voir le pays retourner vers un passé douloureux.» Un passé de sang et de douleur que Madani Mezrag ne fait que réveiller à chaque sortie médiatique, foulant aux pieds toutes les lois qui répriment l’apologie au terrorisme, parce qu’encouragé par le silence et la passivité des institutions dont la mission est de faire respecter les lois. Raison pour laquelle les familles des victimes du terrorisme ont exigé des pouvoirs publics une réaction contre l’ex-chef terroriste, tout en menaçant de sortir dans la rue. Le Président n’a d’ailleurs pas manqué de mettre en garde aussi bien Madani Mezrag que les familles des victimes du terrorisme en disant : «Les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant concorde civile ainsi que dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune.» Ce communiqué, faut-il le préciser, intervient après les déclarations non seulement du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mais également du directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, relatives au niet lancé à la figure de Madani Mezrag, à la suite du forcing public qu’il exerce depuis des mois pour la création d’un parti politique, usant de discours extrémistes souvent porteurs dans les milieux des repentis. Au-delà de sa volonté à créer un parti, les sorties médiatiques et les activités de cet ancien chef terroriste relèvent du domaine du politique que la loi relative à la concorde et celle de la charte pour la réconciliation nationale lui ont clairement interdites. Quelle interprétation donner à cette inertie des institutions de l’Etat face aux dérives de Mezrag, alors qu’elles sont plus promptes à réagir brutalement lorsqu’il s’agit de brimer des voix contestataires ? Peut-on comprendre que les sorties de Madani Mezrag ne sont en réalité qu’un mal nécessaire aux dirigeants, qu’ils agitent dans le seul but de faire peur au peuple à chaque fois qu’il y a péril en la demeure ? En tout état de cause, il faut signaler seulement que ce communiqué marque aussi le 18e anniversaire de l’assassinat des 12 enseignantes à Sidi Bel Abbès, le 20e anniversaire du massacre de Bentalha et tant d’autres tueries et crimes abominables commis par les différents groupes terroristes depuis l’AIS, jusqu’à AQMI, en passant par le GIA et le GSPC. Alors que les blessures ne sont pas encore refermées, Madani ne cesse de raviver la douleur en remuant le couteau dans la plaie.
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