mardi 29 septembre 2015

«Je t’aime, moi non plus…»

Si la polémique entre le patron de Cevital, Issad Rebrab, et un des représentants du gouvernement a atteint des proportions jamais égalées, la lutte que se livrent l’homme d’affaires et les autorités ne date pas d’aujourd’hui. Le patron du premier groupe privé algérien s’est toujours plaint de ne pouvoir réaliser tous les projets qu’il compte concrétiser. Les déboires de Rebrab ont commencé avec la volonté du groupe Cevital de réaliser l’extension de l’usine de fabrication d’huile de table de Béjaïa. Les autorités ont tergiversé et Rebrab a dû contourner les obstacles bureaucratiques pour réaliser son projet. Malgré la création de nouvelles unités de production et la vente des anciennes sociétés publiques, Cevital reste le premier producteur et exportateur du pays. Alors qu’il a caressé le rêve de construire une usine de trituration des graines oléagineuses pour réduire la facture d’importation de la matière première qui entre dans la production de l’huile de table, Issad Rebrab a rencontré un mur invisible. Son projet n’a jamais pu voir le jour. Puis les autorités ont récemment annoncé l’attribution d’un permis de construire à… un autre investisseur. Un autre projet cher à Issad Rebrab a été réalisé par un autre investisseur. Il s’agit de l’usine de sidérurgie de Bellara, à Jijel. Alors que l’homme d’affaires algérien avait prévu d’investir près de 2,5 milliards de dollars, le gouvernement a annoncé la concrétisation du projet par…une société émiratie. Cela fait des années que le patron de Cevital demande au Conseil national des investissements (CNI), présidé par le Premier ministre un accord pour créer un mégaprojet au sein du port de Cap Djinet, à Boumerdès. M. Rebrab souhaite investir près de 30 milliards de dollars sur 5 ans et créer plus de 2 millions d’emplois. Le projet, annoncé en 2008, devait compter plus de 20 kilomètres de quais liés à une zone industrielle de 5000 hectares dans laquelle devait être intégré un complexe pétrochimique, un complexe de production d’aluminium d’1,5 million de tonnes par an et un complexe sidérurgique de 10 millions de tonnes par an. Le tout devait être couplé à un chantier de construction navale, une usine de construction automobile de 350 000 unités par an, une fabrication de containers, des centrales de production d’électricité de 3200 MW et une usine de dessalement de l’eau de mer. Cela devait induire plus d’un millier de PME/ PMI de transformation et des effectifs de sous-traitance et de services. Mais les autorités n’ont jamais répondu. Ni par oui ni par non. Il y a deux ans de cela, alors que Cevital rachetait les actifs de la marque française Michelin en Algérie, le gouvernement a opposé son veto. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Amara Beyounès, avait fait valoir le «droit de préemption de l’Etat». Pourtant, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un investisseur national qui a repris les actifs d’une entreprise étrangère. Dans chacune de ses sorties médiatiques, le patron de Cevital met dans la balance les exportations hors hydrocarbures. En 2007 déjà, il prévoyait de doubler les ventes à l’horizon… 2010. Mais depuis, rien n’a vraiment changé. Et Issad Rebrab continue de se plaindre. Cevital emploie actuellement plus de 14 500 personnes déployées dans plusieurs secteurs, à savoir l’agroalimentaire, le verre plat, l’électroménager, la presse et l’automobile. Le groupe Cevital compte une vingtaine de filiales et trois entreprises à l’étranger (deux en France et une en Italie).  

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