Ali Benflis s’est prononcé au sujet de l’affaire du général Hassan lors d’un regroupement de son parti, Talaiou El Houriyet, organisé hier à Oran à la salle Colisée. Tout en restant prudent, l’ancien candidat à la présidentielle a estimé qu’une épuration politique pour «crime de non-allégeance» est en cours dans notre pays. «Je ne serais donc pas étonné personnellement que cette affaire ne soit qu’une des facettes de cette entreprise d’épuration politique», a-t-il déclaré. Sa prudence est liée à l’idée selon laquelle «les pouvoirs publics ont entouré cette affaire de tellement de secret, de tellement de mystère et de tellement de non-dits qu’il est difficile pour qui ce soit de prétendre pouvoir porter sur elle un jugement informé et serein». Cette situation l’a donc amené à exprimer seulement des sentiments qu’il a voulu partager avec l’assistance, formée en majorité de cadres et de militants de son parti. Pour lui, «l’opacité totale qui entoure cette affaire et l’absence de toute communication officielle à son sujet amènent naturellement à penser qu’il y a des arrières-pensées et des manipulations de la part du régime politique en place». Un régime au sujet duquel il a longuement disserté pour concentrer des critiques déjà formulées ailleurs mais renouvelées avec insistance devant le public, hier. Selon M. Benflis, la vacance constatée au sommet de l’Etat aggrave, d’une part, certaines menaces telles l’agitation des groupes terroristes aux frontières (Libye, Tunisie, Mali) ou la crise économique porteuse tous les dangers et perturbe, d’autre part, le bon fonctionnement de l’administration. «Les forces non constitutionnelles agissent et prennent des décisions à la place de celui à qui la Constitution donne ces prérogatives», indique-t-il en réitérant l’idée selon laquelle le centre du pouvoir n’est désormais pas identifié, ce qui laisse le champ libre à toutes les dérives, notamment la fraude électorale, un thème qui lui tient à cœur après ses deux tentatives malheureuses de briguer la magistrature suprême. Ali Benflis estime que les dernières élections n’ont été organisées que pour maintenir au pouvoir un régime dépassé, avec un Président absent autant à l’intérieur du pays que lors des grandes rencontres internationales qui engagent pourtant l’avenir de la région, en évoquant les cas de la Libye et du Mali. Même constat pour le projet de révision de la Constitution qui, selon lui, n’a été mis à l’ordre du jour que pour sauver le régime actuel et le maintenir en place. «Ce sera la Constitution du régime et non celle qu’attend le peuple algérien ou celle qu’exige la construction d’un Etat démocratique», estime M. Benflis en gardant l’espoir qu’un jour, le «nouveau contrat social» tant attendu se concrétisera au profit du pays. En limitant dans le temps l’instrumentalisation de la Constitution à 16 ans, Ali Benflis ne vise visiblement que le règne de Bouteflika auquel il a pris part au début. Néanmoins, il s’est gardé dans son intervention de venir avec un esprit de revanche ou de vouloir nuire à la stabilité du pays. «Bien au contraire !» affirme-t-il en étalant une définition idyllique de la pratique politique envisagée par son parti, mais à laquelle il manque un positionnement clair dans le combat d’idées qui caractérise le monde d’aujourd’hui.
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